Fables

9 – Pan et la Fortune

 

Un jeune grand seigneur à des jeux dehasard

Avait perdu sa dernière pistole,

Et puis joué sur sa parole :

Il fallait payer sans retard ;

Les dettes du jeu sont sacrées.

On peut faire attendre un marchand,

Un ouvrier, un indigent,

Qui nous a fourni ses denrées ;

Mais un escroc ? L’honneur veut qu’aumême moment

On le paye, et très poliment.

La loi par eux fut ainsi faite.

Notre jeune seigneur, pour acquitter sadette,

Ordonne une coupe de bois.

Aussitôt les ormes, les frênes,

Et les hêtres touffus, et les antiqueschênes,

Tombent l’un sur l’autre à la fois.

Les faunes, les sylvains, désertent lesbocages ;

Les dryades en pleurs regrettent leursombrages ;

Et le dieu Pan, dans sa fureur,

Instruit que le jeu seul a causé cesravages,

S’en prend à la Fortune : ô mère dumalheur,

Dit-il, infernale furie,

Tu troubles à la fois les mortels et lesdieux,

Tu te plais dans le mal, et ta rageennemie…

Il parlait, lorsque dans ces lieux

Tout-à-coup paraît la déesse.

Calme, dit-elle à Pan, le chagrin qui tepresse ;

Je n’ai point causé tes malheurs :

Même aux jeux de hasard, avec certainsjoueurs,

Je ne fais rien. – qui donc fait tout ? –l’adresse.

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