11 – Le vacher et le garde-chasse
Colin gardait un jour les vaches de sonpère ;
Colin n’avait pas de bergère,
Et s’ennuyait tout seul. Le garde sort dubois :
Depuis l’aube, dit-il, je cours dans cetteplaine
Après un vieux chevreuil que j’ai manqué deuxfois
Et qui m’a mis tout hors d’haleine.
Il vient de passer par là bas,
Lui répondit Colin : mais, si vous êteslas,
Reposez-vous, gardez mes vaches à maplace,
Et j’irai faire votre chasse ;
Je réponds du chevreuil. – ma foi, je le veuxbien.
Tiens, voilà mon fusil, prends avec toi monchien,
Va le tuer. Colin s’apprête,
S’arme, appelle Sultan. Sultan, quoiqu’àregret,
Court avec lui vers la forêt.
Le chien bat les buissons ; il va, vient,sent, arrête,
Et voilà le chevreuil… Colin impatient
Tire aussitôt, manque la bête,
Et blesse le pauvre Sultan.
À la suite du chien qui crie,
Colin revient à la prairie.
Il trouve le garde ronflant ;
De vaches, point ; elles étaientvolées.
Le malheureux Colin, s’arrachant lescheveux,
Parcourt en gémissant les monts et lesvallées ;
Il ne voit rien. Le soir, sans vaches, touthonteux,
Colin retourne chez son père,
Et lui conte en tremblant l’affaire.
Celui-ci, saisissant un bâton de cormier,
Corrige son cher fils de ses folles idées,
Puis lui dit : chacun son métier,
Les vaches seront bien gardées.