Fables

17 – Le renard déguisé

 

Un renard plein d’esprit, d’adresse, deprudence,

À la cour d’un lion servait depuislongtemps.

Les succès les plus éclatants

Avoient prouvé son zèle et sonintelligence.

Pour peu qu’on l’employât, toute affaireallait bien.

On le louait beaucoup, mais sans lui donnerrien ;

Et l’habile renard était dans l’indigence.

Lassé de servir des ingrats,

De réussir toujours sans en être plusgras,

Il s’enfuit de la cour ; dans un boissolitaire

Il s’en va trouver son grand-père,

Vieux renard retiré, qui jadis fut vizir.

Là, contant ses exploits, et puis lesinjustices,

Les dégoûts qu’il eut à souffrir,

Il demande pourquoi de si nombreuxservices

N’ont jamais pu rien obtenir.

Le bon homme renard, avec sa voix cassée,

Lui dit : mon cher enfant, la semainepassée,

Un blaireau mon cousin est mort dans ceterrier :

C’est moi qui suis son héritier,

J’ai conservé sa peau : mets-la dessus latienne,

Et retourne à la cour. Le renard avecpeine

Se soumit au conseil ; affublé de lapeau

De feu son cousin le blaireau,

Il va se regarder dans l’eau d’unefontaine,

Se trouve l’air d’un sot, tel qu’était lecousin.

Tout honteux, de la cour il reprend lechemin.

Mais, quelques mois après, dans un richeéquipage,

Entouré de valets, d’esclaves, deflatteurs,

Comblé de dons et de faveurs,

Il vient de sa fortune au vieillard fairehommage :

Il était grand vizir. Je te l’avais biendit,

S’écrie alors le vieux grand-père :

Mon ami, chez les grands quiconque voudraplaire

Doit d’abord cacher son esprit.

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