Fables

4 – L’âne et la flûte

 

Les sots sont un peuple nombreux,

Trouvant toutes choses faciles :

Il faut le leur passer, souvent ils sontheureux ;

Grand motif de se croire habiles.

Un âne, en broutant ses chardons,

Regardait un pasteur jouant, sous lefeuillage,

D’une flûte dont les doux sons

Attiraient et charmaient les bergers dubocage.

Cet âne mécontent disait : ce monde estfou !

Les voilà tous, bouche béante,

Admirant un grand sot qui sue et setourmente

À souffler dans un petit trou.

C’est par de tels efforts qu’on parvient àleur plaire,

Tandis que moi… suffit… allons-nous-end’ici,

Car je me sens trop en colère.

Notre âne, en raisonnant ainsi,

Avance quelques pas, lorsque sur lafougère

Une flûte oubliée en ces champêtres lieux

Par quelque pasteur amoureux

Se trouve sous ses pieds. Notre âne seredresse,

Sur elle de côté fixe ses deux grosyeux ;

Une oreille en avant, lentement il sebaisse,

Applique son naseau sur le pauvreinstrument,

Et souffle tant qu’il peut. ô hasardincroyable !

Il en sort un son agréable.

L’âne se croit un grand talent,

Et tout joyeux s’écrie en faisant laculbute :

Eh ! Je joue aussi de la flûte !

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