19 – Le parricide
Un fils avait tué son père.
Ce crime affreux n’arrive guère
Chez les tigres, les ours ; mais l’hommele commet.
Ce parricide eut l’art de cacher sonforfait,
Nul ne le soupçonna : farouche etsolitaire,
Il fuyait les humains, il vivait dans lesbois,
Espérant échapper aux remords comme auxlois.
Certain jour on le vit détruire à coups depierre
Un malheureux nid de moineaux.
Eh ! Que vous ont fait cesoiseaux ?
Lui demande un passant : pourquoi tant decolère ?
Ce qu’ils m’ont fait ? Répond lecriminel :
Ces oisillons menteurs, que confonde leciel,
Me reprochent d’avoir assassiné mon père.
Le passant le regarde ; il se trouble, ilpâlit,
Sur son front son crime se lit :
Conduit devant le juge, il l’avoue etl’expie.
Ô des vertus dernière amie,
Toi qu’on voudrait en vain éviter outromper,
Conscience terrible, on ne peutt’échapper !