11 – Le chat et les rats
Un angora que sa maîtresse
Nourrissait de mets délicats
Ne faisait plus la guerre aux rats ;
Et les rats, connaissant sa bonté, saparesse,
Allaient, trottaient partout, et ne segênaient pas.
Un jour, dans un grenier retiré,solitaire,
Où notre chat dormait après un bon festin,
Plusieurs rats viennent dans le grain
Prendre leur repas ordinaire.
L’angora ne bougeait. Alors mes étourdis
Pensent qu’ils lui font peur ; l’orateurde la troupe
Parle des chats avec mépris.
On applaudit fort, on s’attroupe,
On le proclame général.
Grimpé sur un boisseau qui sert detribunal :
Braves amis, dit-il, courons à lavengeance.
De ce grain désormais nous devons êtrelas,
Jurons de ne manger désormais que deschats :
On les dit excellents, nous en feronsbombance.
À ces mots, partageant son belliqueuxtransport,
Chaque nouveau guerrier sur l’angoras’élance,
Et réveille le chat qui dort.
Celui-ci, comme on croit, dans sa justecolère,
Couche bientôt sur la poussière
Général, tribuns et soldats.
Il ne s’échappa que deux rats
Qui disaient, en fuyant bien vite à leurtanière :
Il ne faut point pousser à bout
L’ennemi le plus débonnaire ;
On perd ce que l’on tient quand on veut gagnertout.