XXXI
Et je ne puis rien voir ! En vain mon œilfouille, comme un bistouri, ce front sous lequel bouillonne soncerveau. En vain, je tends tous les ressorts de mon être. Lamatière inerte – qui s’appelle Golding – garde son secret.Malédiction ! il faut cependant en finir ! Je veuxsavoir, je saurai.
Encore ce couteau ! tout à l’heure il m’asemblé que cet acier s’était refroidi dans ma main comme pour merappeler sa présence… Que pourrais-je donc en faire ? En quoice couteau pourrait-il m’être utile ? Ah ! j’y songe…non… ce n’est pas une idée ridicule. Voyons, pas deprécipitations ! Qu’est-ce que je cherche après tout ? Jeveux ouvrir ce cerveau qui reste obstinément fermé ? Lorsqu’uncoffret rouillé résiste aux doigts qui s’efforcent d’arracher lecouvercle, une lame d’acier a bientôt raison de cette résistance…Eh bien ! le cerveau de Golding n’est-il pas ma cassette àmoi, renfermant des richesses plus précieuses que toutes lespierreries du monde ! Le couteau ! oui, c’est cela. Il mefaut faire sauter ce couvercle qui ferme son cerveau… ce couvercle,c’est le crâne. La lame sera-t-elle assez forte ! Certes, avecun coup bien rapide, bien sec, la résistance de l’acier sedécuplera. Je ne puis m’y reprendre à deux fois.