Le Roman d’un spahi

XXIX

Alors elle prit son petit enfant pourl’étrangler.

Comme elle ne voulait pas entendre ses cris,elle lui remplit la bouche de sable.

Elle ne voulait pas non plus voir la petitefigure convulsionnée par l’asphyxie ; – avec rage elle creusaun trou dans le sol, – elle y enfouit la tête, et la couvrit encorede sable.

Et puis, de ses deux mains, elle serra lecou ; elle serra, serra bien fort, jusqu’à ce que les petitsmembres vigoureux qui se raidissaient sous la douleur fussentretombés inertes.

Et, quand l’enfant fut mort, elle le couchasur la poitrine de son père.

Ainsi mourut le fils de Jean Peyral… –Mystère !

– Quel Dieu l’avait poussé dans la vie,celui-là, l’enfant du spahi ?… qu’était-il venu chercher surla terre, et où s’en retournait-il ?

………………………

Fatou-gaye pleura alors des larmes de sang, –et ses gémissements retentirent, déchirants, sur les champs deDialakar… Et puis elle prit le sac de cuir du marabout, elle avalaune pâte amère qui y était contenue, – et son agonie commença, –une agonie longue et cruelle…

Longtemps elle râla au soleil, avec deshoquets horribles, déchirant sa gorge de ses ongles, arrachant sescheveux mêlés d’ambre.

Les vautours étaient autour d’elle, laregardant finir.

………………………

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