Le Roman d’un spahi

XXV

Le choc des deux armées eut lieu plusloin ; il fut très meurtrier, bien qu’il ait fait peu de bruiten France.

Ces combats, livrés en pays si lointain, et oùsi peu d’hommes sont engagés, passent inaperçus de la foule ;ceux-là seuls s’en souviennent qui y ont perdu un fils ou unfrère.

La petite troupe française faiblissait, quandBoubakar-Ségou reçut, presque à bout portant, un paquet dechevrotines dans la tempe droite. La cervelle du roi nègre jaillitau dehors en bouillie blanche ; – au son du tabala et descymbales de fer, il tomba au milieu de ses prêtres, empêtré dansses longs chapelets d’amulettes – et ce fut pour ses tribus lesignal de la retraite.

L’armée noire reprit sa course vers lescontrées impénétrables de l’intérieur, et on la laissa fuir. LesFrançais n’étaient plus en état de la poursuivre.

On rapporta à Saint-Louis le serre-tête rougedu grand chef rebelle. – Il était tout brûlé et criblé de trous demitraille.

Une longue écharpe de talismans y étaitattachée : c’étaient des sachets diversement brodés,renfermant des poudres mystérieuses, des dessins cabalistiques etdes prières dans la langue du Maghreb.

Cette mort produisit un effet moral assezconsidérable sur les populations indigènes.

Le combat fut suivi de la soumission deplusieurs chefs insurgés, et on put le considérer comme unevictoire.

La colonne rentra promptement àSaint-Louis ; on conféra plusieurs grades et décorations, àtous ceux qui y avaient pris part, – mais les rangs s’étaient bienéclaircis chez les pauvres spahis !…

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