Le Roman d’un spahi

IV

Novembre, – c’était la belle saison,correspondant à notre hiver de France ; la chaleur était moinsforte, et le vent sec du désert avait succédé aux grands orages del’été.

Quand la belle saison commence au Sénégal, onpeut, en toute sécurité, camper en plein air, sans toit à sa tente.Pendant six mois, pas une goutte d’eau ne tombera sur cepays ; chaque jour, sans trêve, sans merci, il sera brûlé parun soleil dévorant.

C’est la saison aimée des lézards ; –mais l’eau manque dans les citernes, les marais se dessèchent,l’herbe meurt, – et les cactus même, les nopals épineux n’ouvrentplus leurs tristes fleurs jaunes. Pourtant les soirées sontfroides ; au coucher du soleil, se lève régulièrement unegrande brise de mer qui fait gronder les éternels brisants desplages d’Afrique et secoue sans pitié les dernières feuillesd’automne.

Triste automne, qui n’amène avec lui ni leslongues veillées de France, ni le charme des premières gelées, niles récoltes, ni les fruits dorés.

Jamais un fruit dans ce pays déshérité deDieu ; les dattes du désert même lui sont refusées ; rienn’y mûrit, rien que les arachides et les pistaches amères.

Cette sensation de l’hiver qu’on éprouve là,par une chaleur encore torride, cause à l’imagination uneimpression étrange.

Grandes plaines chaudes, mornes, désolées,couvertes d’herbes mortes, où se dressent par-ci, par-là, à côtédes maigres palmiers, les colossaux baobabs, qui sont comme lesmastodontes du règne végétal et dont les branches nues sonthabitées par des familles de vautours, de lézards et dechauves-souris.

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