Le Roman d’un spahi

XXXII

Il se promenait chaque soir, il marchaitbeaucoup…

– Les ondées d’orage continuaient à tomber… –Les grands marais fétides, les eaux stagnantes, saturées de miasmesde fièvre, gagnaient du terrain chaque jour ; une hautevégétation herbacée couvrait maintenant ce pays de sable… – Lesoir, le soleil était comme pâli par un excès débilitant de chaleuret d’émanations délétères… Aux heures où se couchait ce soleiljaune, quand Jean se trouvait seul au milieu de ces marécagesdésolés où tout était neuf et étrange pour son imagination, unetristesse inexplicable s’emparait de lui… Il promenait ses regardstout autour du grand horizon plat sur lequel pesaient des vapeursimmobiles ; il ne comprenait pas bien ce qu’il y avait, danscette physionomie des choses, de morne et d’anormal qui pût luiserrer ainsi le cœur.

Au-dessus des graminées humides couraient desnuées de libellules aux grandes ailes tachées de noir, – en mêmetemps que des oiseaux dont le chant lui était inconnu s’appelaientplaintivement sous les hautes herbes… Et l’éternelle tristesse dela terre de Cham planait sur tout cela.

A ces heures crépusculaires, ces maraisd’Afrique au printemps avaient une tristesse qu’on ne sauraitexprimer avec des mots d’aucune langue humaine.

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