XXXIV
ANAMALIS fobil ! – Tous les grosbourgeons laiteux des baobabs s’étaient épanouis en feuillestendres !…
Et Jean sentait que ce printemps nègre luibrûlait le sang, qu’il courait comme un poison dévorant dans sesveines… Le renouveau de toute cette vie l’énervait, lui, – parceque cette vie n’était pas la sienne chez les hommes, le sang quibouillonnait était noir ; chez les plantes, la sève quimontait était empoisonnée ; les fleurs avaient des parfumsdangereux, et les bêtes étaient gonflées de venin… Chez lui aussi,la sève montait, la sève de ses vingt-deux ans, – mais d’unemanière fiévreuse qui en fatiguait la source, – et à la longue, ilse serait senti mourir de ce renouveau terrible…
Anamalis fobil !… Comme ceprintemps marchait vite !… Juin allait à peine finir, et déjà,sous l’influence d’une chaleur mortelle, dans une atmosphère quin’était plus viable, déjà les feuilles étaient jaunies, les plantesétaient mourantes, et les graminées trop mûres retombaient sur lesol…