Le Roman d’un spahi

XIV

Podor, – un poste français important sur larive sud du Sénégal, – et l’un des points les plus chauds de laterre.

Une grande forteresse, fendillée par lesoleil.

Une rue presque ombragée, le long du fleuve,avec quelques maisons déjà anciennes, d’un aspect sombre. – Destraitants français, jaunis par la fièvre et l’anémie ; desmarchands, maures ou noirs, accroupis sur le sable ; tous lescostumes, toutes les amulettes d’Afrique ; – des sacsd’arachides, des ballots de plumes d’autruches, – de l’ivoire et dela poudre d’or.

Derrière cette rue à moitié européenne, unegrande ville nègre en chaume, partagée comme un gâteau d’abeillespar des rues larges et droites ; chaque quartier bordéd’épaisses tatas de bois, fortifié comme une citadelle.

Jean s’y promena le soir, en compagnie de sonami Nyaor. – Les chants tristes qui partaient de derrière ces murs,ces voix étranges, ces aspects inusités, ce vent chaud quisoufflait toujours malgré la nuit, lui causaient une sorte deterreur vague, d’angoisse inexpliquée, faite de nostalgie, desolitude et aussi de désespérance.

Jamais, même dans les postes lointains duDiakhallénée, il ne s’était senti si isolé ni si perdu.

Tout autour de Podor, des champs de mil ;quelques arbres rabougris, quelques broussailles et un peud’herbe.

En face, sur la rive maure, on était en pleindésert. – Et pourtant, à l’entrée d’une route à peine commencée,qui bientôt se perdait au nord dans les sables, un écriteau portaitcette inscription prophétique : Route d’Alger.

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