XXXI
APOTHÉOSE
C’est d’abord comme un gémissement lointain,parti de l’extrême horizon du désert ; – puis le concertlugubre se rapproche dans l’obscurité transparente :glapissements tristes de chacals, miaulements aigus d’hyènes et dechats-tigres.
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Pauvre mère, pauvre vieille femme !…Cette forme humaine qu’on voit vaguement dans l’ombre, – qui est làétendue, au milieu de cette solitude, la bouche ouverte sous leciel tout semé d’étoiles, – qui dort là à l’heure où s’éveillentles bêtes fauves, – et qui ne se relèvera plus, – pauvre mère,pauvre vieille femme !… ce cadavre abandonné, – c’est votrefils !…
– Jean !… entre dans la ronde !
La bande affamée arrive doucement dans lanuit, frôlant les halliers, rampant sous les hautes herbes ; –à la lueur des étoiles, elle entame les corps des jeunes hommes, etcommence le repas voulu par l’aveugle nature : – tout ce quivit se repaît, sous une forme ou sous une autre, de ce qui estmort.
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L’homme, dans sa main endormie, tient toujourssa médaille ; – la femme, son grigri de cuir… Veillez bien sureux, ô précieuses amulettes.
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Demain, de grands vautours chauvescontinueront l’œuvre de destruction, – et leurs os traîneront surle sable, éparpillés par toutes les bêtes du désert, – et leurscrânes blanchiront au soleil, fouillés par le vent et par lessauterelles.
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Vieux parents au coin du feu, – vieux parentsdans la chaumière, – père courbé par les ans, qui rêvez à votrefils, au beau jeune homme en veste rouge, – vieille mère qui priezle soir pour l’absent, – vieux parents, – attendez votre fils, –attendez le spahi !…
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