La Guerre dans les airs

3.

– Qu’est-ce qui va se passer maintenant ? – bégayaBert.

La grise et froide solitude nuageuse montait vers lui à uneallure large et lente. Les nuages cessaient de ressembler à descimes neigeuses ; ils devenaient immatériels et révélaientdans leur contexture un tourbillonnement immense et silencieux.Quand il atteignit leurs masses ténébreuses, sa descente futarrêtée un instant. Puis soudain le ciel se cacha, les derniersvestiges de clarté disparurent. Bert s’enfonça rapidement, dans uneobscurité crépusculaire, à travers une trombe de fins flocons deneige, qui passaient devant ses yeux en se dirigeant vers lezénith, venaient se poser en fondant autour de lui, effleuraient safigure comme des doigts fantomatiques. Il frissonna. Son haleinesortait en vapeur de ses lèvres, l’humidité détrempait tout.

Il eut l’impression d’une tourmente de neige qui, avec une furiedémesurée et sans cesse croissante, monterait vers le ciel ;mais il comprit bientôt qu’il tombait avec une vitesse quis’accélérait à chaque seconde.

À peine perceptible au début, un son bourdonna à ses oreilles.Le silence colossal de l’univers avait pris fin. Qu’était-ce que cebruit confus ? Inquiet, perplexe, il allongea la tête endehors de la nacelle.

D’abord, il ne distingua rien. Puis très nettement il discernade petites bandes d’écume qui se poursuivaient, dans lebouillonnement des flots, au-dessous de lui. Au loin, il entrevitun bateau-pilote avec sa grande voile barrée d’énormes lettresnoires, et une petite lumière d’un rouge jaunâtre qui dansait entous sens, roulait et tanguait dans la rafale, alors qu’il nesentait lui-même aucun souffle de vent. Bientôt le tumulte des eauxse rapprocha et devint assourdissant. Il tombait, il tombait dansla mer ! Il fut pris d’une activité trépidante.

– Du lest ! – cria-t-il, et, saisissant un sac, il le hissapar-dessus bord. Sans attendre l’effet, il en jeta un second, et sepencha juste à temps pour apercevoir un minuscule éclaboussementblanchâtre à la surface sombre des vagues. L’instant d’après, ilétait à nouveau dans les nuages et la neige.

Sans la moindre nécessité, il se débarrassa d’un troisième, puisd’un quatrième sac, et, à son immense satisfaction, il émergea desrégions humides et glaciales dans l’atmosphère supérieure, claireet froide, où s’attardaient les dernières lueurs du couchant.

– Dieu merci ! – balbutia-t-il tout ému.

Quelques étoiles à présent perçaient la voûte bleue, et dansl’est le disque de la lune apparut.

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