La Guerre dans les airs

Chapitre 4LA FLOTTE AÉRIENNE ALLEMANDE

1.

De toutes les productions de l’imagination humaine, quirendaient merveilleux le monde confus dans lequel vivait M. BertSmallways, aucune était aussi étrange, aussi aveugle, aussiinquiétante, aussi fanatique, aussi bruyante, aussi dangereuse quela modernisation du patriotisme, amenée par la politiqueimpérialiste et internationaliste. Au fond de l’âme de tout hommese niche une affection particulière pour ceux de sa race, unorgueil du milieu où il vit, une tendresse pour sa languematernelle et la contrée où il a grandi. Avant l’Age Scientifique,ce groupe d’émotions douces et nobles avait été un facteurexcellent dans l’éducation de tout être humain digne de ce nom, –facteur qui prenait son aspect moins aimable sous la forme d’unehostilité habituellement inoffensive envers les étrangers, et d’undénigrement non moins innocent des autres nations. Mais, avec leflot impétueux de transformations qui bouleversa, – dans leurcellule, leurs matériaux, leurs proportions et leur portée, – lespossibilités de la vie humaine, les anciennes frontières, lesantiques répartitions et démarcations furent violemment sapées.Toutes les habitudes mentales et les traditions fixées depuis dessiècles se trouvèrent face à face avec non seulement des conditionsnouvelles mais des conditions constamment transformées etrenouvelées, auxquelles elles n’avaient aucune chance de pouvoirs’adapter. Elles étaient annihilées, dénaturées ou enveniméesau-delà de toute vraisemblance.

Au temps où Bun Hill était un village soumis à l’autorité del’auteur des jours de sir Peter Bone, le grand-père de BertSmallways « savait qui il était », même quand il s’agissait desplus minimes détails. Il saluait chapeau bas tous ceux quiappartenaient à une classe sociale supérieure à la sienne, iltraitait avec mépris ou condescendance ses inférieurs, et, duberceau jusqu’à la tombe, il ne changea pas une seule des idéesqu’on lui avait inculquées. Il était anglais, du comté de Kent, etcela impliquait les houblonnières, les églantines dans les haies,la bière et la clarté du soleil, toutes choses qui n’avaient pasleurs pareilles au monde. Les journaux, la politique et les visitesà Londres n’étaient pas pour « les gens comme lui ». Puis vint lechangement…

On a vu jusqu’ici ce qui se passa au village de Bun Hill, etcomment le déluge des innovations submergea sa pieuse rusticité.Bert Smallways était un individu comme il y en avait d’innombrablesmillions en Europe, en Amérique et en Asie, qui, au lieu de naîtreenracinés dans un sol, naquirent au milieu d’un torrent dans lequelils se débattaient sans y rien comprendre. Toutes les croyancesancestrales avaient été attaquées par surprise et précipitées dansles formes et les réactions les plus étranges. En particulier, labelle tradition du patriotisme fut dénaturée et disloquée dans lacharge à fond des temps nouveaux. Au lieu de demeurer solidementplanté dans les préjugés de son grand-père, Bert eut le cerveauravagé par de successives irruptions d’idées violentes au sujet dela concurrence allemande, du péril jaune, du péril noir, du fardeaude l’homme blanc : c’était là l’absurde prétention qu’émettaienttous les Bert possibles d’avoir le privilège d’embrouillerdavantage les desseins politiques naturellement très embrouillés,d’identiques petits dadais (à part la nuance un peu plus foncée)qui fumaient des cigarettes et roulaient à bicyclette à Buluwayo, àla Jamaïque ou à Bombay. Ces petits dadais étaient pour Bert lesraces sujettes, et il se sentait prêt à mourir – par procurationdélivrée à quiconque voulait bien s’enrôler – pour soutenir sonprivilège : la pensée qu’il pourrait lui être dérobé le tenaitéveillé la nuit.

Le fait essentiel de la politique, à l’époque où vivait BertSmallways, – l’époque qui déchaîna si étourdiment l’épouvantablecatastrophe de la guerre dans les airs, – eût été fort simple, siles gens avaient eu l’intelligence de l’envisager simplement. Ledéveloppement de la science avait modifié toutes proportions dansles affaires humaines. Par la traction mécanique rapide, il avaitrapproché les hommes, il les avait, aux points de vue physique,économique et social, amenés si près les uns des autres que lesanciennes distributions en nations et royaumes n’étaient pluspossibles et qu’une synthèse plus neuve, plus spacieuse, était nonseulement nécessaire, mais impérieusement réclamée. De même que lesduchés de France, jadis indépendants, durent se fusionner en unenation, de même à présent les nations auraient dû s’adapter à unefusion plus vaste, garder ce qui demeurait précieux et pratique etconcéder ce qui était suranné et dangereux. Un monde plus saind’esprit aurait reconnu ce besoin patent d’une synthèse raisonnableet se serait mis en mesure d’organiser la grande manifestationréalisable pour l’humanité. Le monde de Bert Smallways ne fit riende pareil. Ses gouvernements nationaux, ses intérêts nationaux nevoulurent rien entendre d’aussi évident ; ils nourrissaienttrop de suspicions les uns à l’égard des autres, et ils manquaienttrop d’imagination généreuse. Ils commencèrent à se conduire commedes gens mal élevés dans un wagon complet, se pressant les unscontre les autres, se donnant des coups de coude, se poussant, sedisputant et se querellant. Inutile de leur expliquer qu’ilsn’avaient qu’à se bien caler à leur place pour se sentir à l’aise.Partout, dans l’univers entier, l’histoire du XXe siècle retrace lemême phénomène : le tourbillon des affaires humainesinextricablement embrouillées par les antiques divisionsterritoriales, les antiques préjugés et une sorte de stupiditéirascible. Partout des nations, étouffant dans les espacesinsuffisants, déversaient leur population et leurs produits lesunes dans les autres, se tarabustaient à coups de tarifs douaniers,avec toutes les vexations commerciales imaginables, et semenaçaient avec des armées et des flottes chaque jour plusmonstrueuses.

Il n’est pas possible d’estimer la quantité d’énergieintellectuelle et physique que l’on gâchait en préparatifsmilitaires. La Grande-Bretagne dépensait, pour son armée et samarine, des sommes et des capacités qui, canalisées vers ledéveloppement de la culture physique et de l’éducation, auraientfait du peuple britannique l’aristocratie du monde. S’ils avaientconsacré à « faire des hommes » les ressources qu’ils gaspillaienten matériel de guerre, les gouvernements anglais auraient puinstruire et exercer la population tout entière jusqu’à l’âge dedix-huit ans, et tous les Bert Smallways du Royaume-Uni seraientdevenus des êtres intelligents et robustes. Au lieu de quoi, onleur agitait des drapeaux sous le nez, jusqu’à l’âge de quatorzeans, en les incitant à pousser des acclamations patriotiques ;et enfin on les jugeait capables de quitter l’école pourentreprendre, par exemple, la carrière privée que nous avonsbrièvement esquissée.

La France opérait de similaires imbécillités, l’Allemagne étaitpire, si possible, et la Russie, avec les charges et lesdilapidations du militarisme, courait à la débâcle et à la ruine.Toute l’Europe s’occupait à produire d’énormes canons etd’innombrables ribambelles de petits Bert Smallways. Par mesure deprécaution, les Asiatiques avaient été obligés de détourner dans lemême sens les forces nouvelles que la science leur apportait. À laveille de la guerre, il existait au monde six grandes puissances etun essaim de plus petites, chacune s’efforçant par tous les moyensde prendre le pas sur les autres pour l’efficacité des enginsdestructeurs et pour l’organisation militaire.

Les grandes puissances se composaient d’abord des États-unis,nation adonnée au commerce, mais lancée dans les frénésiesmilitaires par les tentatives de l’Allemagne pour s’implanter dansl’Amérique du Sud, et par les conséquences naturelles desimprudentes annexions de pays arrachés aux griffes mêmes du Japon.Ils entretenaient deux immenses flottes, à l’est et à l’ouest, et,à l’intérieur, ils étaient agités par un violent conflit entre legouvernement fédéral et les législatures d’États sur la question duservice obligatoire dans la milice défensive. Ensuite, venaitl’alliance de l’Asie extrême-orientale, l’étroite coalition duJapon et de la Chine, qui, chaque année, s’avançait à pas de géantvers la prédominance dans les affaires mondiales. Enfin restaitl’alliance germanique, qui luttait encore pour parfaire son rêved’expansion impériale et pour imposer la langue allemande à uneEurope forcément confédérée. C’étaient là les trois puissances lesplus ardentes et les plus agressives.

Beaucoup plus pacifique se montrait l’Empire britannique,périlleusement éparpillé sur le globe et harcelé maintenant par desmouvements insurrectionnels en Irlande et parmi les Races Sujettes.L’Empire avait donné, à ces races sujettes, les cigarettes, leschaussures, le chapeau melon, le cricket, les champs de course, lesrevolvers à bon marché, le pétrole, le travail d’usine, lesjournaux à un demi-penny en anglais et dans le dialecte local, lesdiplômes universitaires peu coûteux, la motocyclette et le tramwayélectrique. Il avait produit une masse considérable de littératureexprimant un mépris souverain pour les Races Sujettes, qui,d’ailleurs, avait libre accès à ces élucubrations, et il secontentait de croire que rien ne résulterait de ces stimulants,parce que quelqu’un avait parlé jadis de « l’Orient Immémorial »,et que Kipling avait proféré ces mots inspirés :

L’Est est l’Est, et l’Ouest est l’Ouest,

Et jamais ils ne se joindront.

Au lieu de quoi, l’Égypte, l’Inde et les contrées sujettes engénéral avaient enfanté des générations nouvelles qui vivaient dansun état d’indignation passionnée et faisaient preuve d’une énergieextrême, d’une activité toute moderne.

Plus pacifique encore que l’Empire britannique étaient la Franceet ses alliées, les nations latines, États puissamment armés,certes, mais belliqueux à regret, d’autant plus que, socialement etpolitiquement, ils étaient à la tête de la civilisationoccidentale. La Russie demeurait par force une puissance pacifique,divisée au-dedans, déchirée entre les révolutionnaires et lesréactionnaires également incapables de reconstruction sociale, etelle s’enlisait dans un désordre tragique de vendetta politique àretours chroniques. Coincés parmi ces colosses qui les régentaientet les menaçaient, les États moindres conservaient une indépendanceprécaire, au prix d’un armement défensif aussi redoutable que lepermettaient les sacrifices qu’ils pouvaient s’imposer.

Il advint ainsi que, dans chaque contrée, une proportion énormeet sans cesse croissante d’hommes énergiques et inventifstravaillèrent, dans un but offensif et défensif, à élaborer unformidable matériel de guerre, jusqu’à ce que les tensionsaccumulées eussent atteint le point de rupture. Chaque puissancecherchait à garder secrets ses préparatifs, à tenir de nouveauxengins en réserve, à surprendre ce que faisaient ses rivales et àles devancer. Le sentiment de danger qu’engendraient cesdécouvertes affectait l’imagination patriotique de tous les peuplesdu monde. Tantôt le bruit courait que les Anglais avaient un canonirrésistible, tantôt que les Français fabriquaient un fusilinvincible, tantôt que les Japonais expérimentaient un explosifformidable, ou que les Américains construisaient un sous-marin quicoulerait bas tous les cuirassés. Et chaque fois il en résultaitune panique.

L’activité et l’âme des nations étaient accaparées par la penséed’une conflagration universelle ; pourtant la masse descitoyens formait une démocratie fourmillante, aussi insoucieuse dese battre qu’elle en était mentalement, moralement et physiquementincapable. C’était là le paradoxe de l’époque, de cette périodeabsolument unique dans l’histoire du monde. Un immense matériel,avec l’art et les méthodes stratégiques, se transformaitentièrement tous les douze ans, marchant, un fabuleux progrès, versla perfection, et cela, alors que les peuples devenaient de moinsen moins belliqueux et qu’il n’y avait plus de guerre.

Cependant, il en vint une, à la fin. Elle fut une surprise,parce que les motifs réels en restaient cachés. Les rapportss’étaient tendus entre les États-unis et l’Allemagne, à cause del’intense exaspération provoquée par un conflit de tarifs douanierset par l’attitude ambiguë de la puissance européenne vis-à-vis dela doctrine de Monroe. Les rapports s’étaient tendus aussi entreles États-unis et le Japon, à cause de l’éternelle question de lanaturalisation des Jaunes. Mais, dans l’un et l’autre cas, il nefaut voir là que des prétextes. La véritable cause efficiente, etignorée, était le perfectionnement, par l’Allemagne, du moteurPforzheim, qui rendait facile la construction d’aéronats rapides etparfaitement dirigeables.

À cette époque, l’Allemagne se trouvait de beaucoup dans lesmeilleures conditions possibles : mieux organisée pour agir vite eten secret, mieux pourvue des ressources de la science moderne, elleavait un personnel officiel et administratif plus expérimenté etplus instruit. Elle le savait, et elle exagérait à ce point cettecertitude qu’elle en méprisait les plans secrets de ses voisins.Peut-être aussi que, s’habituant à un excès de confiance en soi,elle laissa se relâcher son service d’espionnage. En outre, ilétait dans sa tradition d’agir sans scrupules et en dehors de touteconsidération sentimentale, ce qui pouvait vicier profondément sapolitique internationale. Quand elle se vit seule capable deconstruire de ces engins nouveaux, son intelligence collectivefrémit en pensant que maintenant l’heure était venue. Une fois deplus, dans l’histoire du progrès, il semblait qu’elle tînt l’armedécisive. Maintenant, elle pourrait frapper et vaincre, – pendantque les autres tâtonnaient encore en des expériencesdécevantes.

Avant tout, il fallait attaquer promptement les États-unis,parce que là, plutôt qu’ailleurs, était la menace d’un rivalaérien. On savait que les États-unis possédaient une machinevolante d’une valeur pratique considérable, dérivée du modèleWright ; mais rien n’indiquait que l’administration de laguerre, à Washington, eût fait aucune tentative importante pourcréer une forme militaire aérienne, et il était indispensable deporter le premier coup.

La France disposait d’une flotte aérienne composée dedirigeables dont la construction, pour plusieurs remontait à 1908,mais leur vitesse était trop réduite pour qu’ils pussent lutteravec le nouveau type. Créés dans le seul but de surveiller lafrontière de l’Est, ils étaient presque tous trop petits pourtransporter un poids supérieur à celui d’une trentaine d’hommessans armes ni provisions, et aucun ne pouvait franchir plus dequarante milles à l’heure. La Grande-Bretagne prise, semblait-il,d’un accès de lésinerie, tergiversait et discutait avec l’impérialButteridge pour l’acquisition de son secret. Encore cet appareil nepouvait-il être fabriqué en nombre avant plusieurs mois. D’Asie nevenait aucun signe d’activité, ce que les Allemands expliquaient enaffirmant que les peuples jaunes étaient dénués d’espritd’invention. Aucun autre compétiteur à redouter.

Maintenant ou jamais ! – se disaient les Allemands. – C’estle moment de nous emparer de l’air comme jadis les Anglais se sontemparés des mers. À l’œuvre, avant que les autres soientprêts !

Leur plan fut excellemment coordonné et ensuite appliqué avecrapidité et en secret. D’après leurs informations, l’Amérique seuleavait quelque chance de les distancer, l’Amérique devenue le grandrival commercial de l’Allemagne et l’un des principaux obstacles àl’expansion de son impérialisme. Aussi la frapperait-on d’abord. Onlancerait à travers l’Atlantique une force colossale et onécraserait les États-unis pris au dépourvu.

C’était, somme toute, une entreprise audacieuse, bien imaginée,et qui promettait de réussir, si l’on s’en tient aux renseignementsdont le gouvernement allemand disposait. Tout indiquait que lasurprise offrait les plus grandes certitudes de succès. Un aéronatou une machine volante sont tout autre chose qu’un cuirassé qu’onne peut guère construire en moins de deux ans. Étant donné, enquantité suffisante, des matériaux et des ouvriers, on pouvaitlancer un nombre illimité de vaisseaux aériens en quelquessemaines. Les fonderies, usines et parcs nécessaires une foisorganisés, il était facile d’inonder les airs de dirigeables et deDrachenflieger. Et, en effet, quand l’heure fut venue, cesengins envahirent le ciel « comme des mouches qui se lèvent d’unmonceau d’ordures », selon l’expression d’un satiriste.

L’attaque contre les États-unis devait marquer le premier coupdans cette gigantesque partie. Puis, aussitôt que la flottedestinée à cette attaque laisserait la place libre, les parcsaéronautiques commenceraient immédiatement le montage et legonflement d’une seconde flotte ayant pour mission de tenirl’Europe en respect et de manœuvrer de façon significativeau-dessus de Paris, de Londres, de Rome, de Saint-Pétersbourg,partout où l’effet moral de sa présence deviendrait nécessaire. Ceserait la surprise mondiale, rien de moins que la conquête del’univers ! Et le fait merveilleux, c’est qu’il s’en soitfallu de si peu que les esprits calmement aventureux quil’échafaudèrent ne réussissent dans leur projet colossal.

Von Sternberg était le de Moltke de cette guerre dans les airs,mais ce fut le romanesque, bizarre et cruel prince Karl Albert quidécida l’empereur hésitant à approuver ce grand dessein. Favori del’esprit impérialiste allemand, il représentait l’idéal du nouveausentiment aristocratique, – la chevalerie nouvelle, disait-on, –qui régna après que le socialisme, affaibli par ses divisionsintestines et son manque de discipline, fut anéanti, et que larichesse se fut concentrée entre les mains de quelques familles.D’obséquieux flatteurs le comparaient au prince Noir, à Alcibiade,à César. Grand, blond, viril et splendidement amoral, il semblait àbeaucoup l’incarnation du Surhomme annoncé par Nietzsche. Lapremière de ses équipées, qui étonna l’Europe et déchaîna presqueune nouvelle guerre de Troie, fut l’enlèvement de la princesseHélène de Norvège et son refus formel de l’épouser. Puis vint sonmariage avec Gretchen Krass, une jeune Suissesse d’une beautéincomparable ; puis encore le téméraire sauvetage, où ilfaillit laisser sa vie, de trois tailleurs dont le bateau avaitchaviré et qui se noyaient près d’Héligoland. Pour cet exploit etpour le récompenser d’avoir enlevé au yacht américain Defender,C.C.I., la coupe internationale, l’empereur lui avait pardonné etl’avait placé à la tête des forces aéronautiques de l’arméeallemande. Le Prince les développa avec une énergie et une habiletémerveilleuses, résolu, disait-il, à donner à l’Allemagne l’empiredu ciel, des mers et de la terre. La passion nationale pourl’agression trouvait en lui son exposant suprême, comme elletrouva, grâce à lui, l’occasion de se révéler pleinement dans cetteguerre stupéfiante. Mais la fascination qu’il exerçait était plusque nationale. Partout, sa ténacité barbare dominait les esprits,comme autrefois la légende napoléonienne. Des Anglais, dégoûtés desméthodes lentes, complexes et civilisées de la politiquebritannique, se tournaient vers cette figure puissante etopiniâtre. Des Français croyaient en lui. On lui dédiait des odesen Amérique !

Il élabora et provoqua la guerre.

Tout autant que le reste du monde, l’ensemble de la populationallemande fut pris à l’improviste par la soudaine décision dugouvernement impérial. Cependant, l’imagination germaine était enpartie préparée à une telle éventualité par toute une littératurede prévisions militaires, qui commence dès 1906, avec RudolfMartin, auteur non seulement d’un brillant volume d’anticipations,mais aussi de la phrase fameuse ; « L’avenir de l’Allemagneest dans les airs !

Auteurs::

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer