La Guerre dans les airs

Chapitre 5LA BATAILLE DE L’ATLANTIQUE

1.

Le Prince avait produit sur Bert une impression profonde. Ilétait le plus terrifiant individu que le jeune homme eût jamaisrencontré, et le plus capable de remplir d’une antipathie et d’uneépouvante sans bornes une âme du type Smallways. Longtemps, Bertresta assis, seul dans un coin de la cabine de Kurt, ne bougeantpas, ne s’aventurant même pas à ouvrir la porte, de crainte de setrouver ainsi rapproché de l’odieux personnage.

C’est pour cette raison probablement qu’il fut le dernier àapprendre la nouvelle, apportée par la télégraphie sans fil, qu’unegrande bataille navale se livrait au milieu de l’Atlantique.Finalement, il en fut informé par Kurt, qui entra avec l’aird’ignorer Bert, mais en marmottant des mots anglais :

– Étonnant !… Stupéfiant !… Prodigieux !…Hé ! dites donc… Ôtez-vous de là et ouvrez ce coffre.

Kurt tira du coffre deux volumes et des cartes, qu’il posa surla table pliante. Pendant un moment, la morgue germanique lutta enlui avec la simplicité anglaise, et aussi avec sa bienveillancenaturelle et sa loquacité, et elle eut le dessous.

– Ça y est, Smallways, on a commencé, – dit-il.

– Commencé quoi, monsieur ? – demanda Bert, penaud etrespectueux.

– À se battre ! L’escadre américaine de l’Atlantique estaux prises avec presque toutes nos forces navales. NotreEisernes Kreuz est atteint et sombre ; –leurs Miles Standish, un des cuirassés les plusformidables, a coulé à pic avec tout son équipage… torpillé, sansdoute. Il était bien plus grand que notre Karl der Grosse,mais plus vieux de cinq ou six ans… J’aurais donné gros pourassister au combat, Smallways, une bataille en règle sur les flotsbleus, avec l’artillerie seule, et tous les bâtiments luttant devitesse.

Il déplia ses cartes, tourmenté du besoin de parler, et fitainsi à Bert une véritable conférence.

C’est ici que ça se passe, 30° 50’ de latitude nord, 30° 50’ delongitude ouest… à une journée de distance pour nous, et ils filentsud sud-ouest à toute vapeur. À ce train-là nous ne verrons rien,pas une seule bouffée de la fumée des canons !

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