Quatre vingt-treize

MÉMOIRE DE PAYSAN VAUT SCIENCE DECAPITAINE

 

Les provisions qui étaient dans le canot nefurent pas inutiles.

Les deux fugitifs, obligés à de longs détours,mirent trente-six heures à atteindre la côte. Ils passèrent unenuit en mer ; mais la nuit fut belle, avec trop de lunecependant pour des gens qui cherchaient à se dérober.

Ils durent d’abord s’éloigner de France etgagner le large vers Jersey.

Ils entendirent la suprême canonnade de lacorvette foudroyée, comme on entend le dernier rugissement du lionque les chasseurs tuent dans les bois. Puis le silence se fit surla mer.

Cette corvette la Claymore mourut dela même façon que le Vengeur ; mais la gloire l’aignoré. On n’est pas héros contre son pays.

Halmalo était un marin surprenant. Il fit desmiracles de dextérité et d’intelligence ; cette improvisationd’un itinéraire à travers les écueils, les vagues et le guet del’ennemi fut un chef-d’œuvre. Le vent avait décru et la mer étaitdevenue maniable.

Halmalo évita les Caux des Minquiers,contourna la Chaussée-aux-Bœufs, s’y abrita, afin d’y prendrequelques heures de repos dans la petite crique qui s’y fait au nordà mer basse, et, redescendant au sud, trouva moyen de passer entreGranville et les îles Chausey sans être aperçu ni de la vigie deChausey ni de la vigie de Granville. Il s’engagea dans la baie deSaint-Michel, ce qui était hardi à cause du voisinage de Cancale,lieu d’ancrage de la croisière.

Le soir du second jour, environ une heureavant le coucher du soleil, il laissa derrière lui le montSaint-Michel, et vint atterrir à une grève qui est toujoursdéserte, parce qu’elle est dangereuse ; on s’y enlise.

Heureusement la marée était haute.

Halmalo poussa l’embarcation le plus avantqu’il put, tâta le sable, le trouva solide, y échoua le canot etsauta à terre.

Le vieillard après lui enjamba le bord etexamina l’horizon.

– Monseigneur, dit Halmalo, nous sommes ici àl’embouchure du Couesnon. Voilà Beauvoir à tribord et Huisnes àbâbord. Le clocher devant nous, c’est Ardevon.

Le vieillard se pencha dans le canot, y pritun biscuit qu’il mit dans sa poche, et dit à Halmalo :

– Prends le reste.

Halmalo mit dans le sac ce qui restait deviande avec ce qui restait de biscuit, et chargea le sac sur sonépaule. Cela fait, il dit :

– Monseigneur, faut-il vous conduire ou voussuivre ?

– Ni l’un ni l’autre.

Halmalo stupéfait regarda le vieillard.

Le vieillard continua :

– Halmalo, nous allons nous séparer. Être deuxne vaut rien. Il faut être mille ou seul.

Il s’interrompit, et tira d’une de ses pochesun nœud de soie verte, assez pareil à une cocarde, au centre duquelétait brodée une fleur de lys en or. Il reprit :

– Sais-tu lire ?

– Non.

– C’est bien. Un homme qui lit, ça gêne. As-tubonne mémoire ?

– Oui.

– C’est bien. Écoute, Halmalo. Tu vas prendreà droite et moi à gauche. J’irai du côté de Fougères, toi du côtéde Bazouges. Garde ton sac qui te donne l’air d’un paysan. Cachetes armes. Coupe-toi un bâton dans les haies. Rampe dans lesseigles qui sont hauts. Glisse-toi derrière les clôtures. Enjambeles échaliers pour aller à travers champs. Laisse à distance lespassants. Évite les chemins et les ponts. N’entre pas à Pontorson.Ah ! tu auras à traverser le Couesnon. Comment lepasseras-tu ?

– À la nage.

– C’est bien. Et puis il y a un gué. Sais-tuoù il est ?

– Entre Ancey et Vieux-Viel.

– C’est bien. Tu es vraiment du pays.

– Mais la nuit vient. Où monseigneurcouchera-t-il ?

– Je me charge de moi. Et toi, oùcoucheras-tu ?

– Il y a des émousses. Avant d’être matelotj’ai été paysan.

– Jette ton chapeau de marin qui te trahirait.Tu trouveras bien quelque part une carapousse.

– Oh ! nu tapabor, cela se trouvepartout. Le premier pêcheur venu me vendra le sien.

– C’est bien. Maintenant, écoute. Tu connaisles bois ?

– Tous.

– De tout le pays ?

– Depuis Noirmoutier jusqu’à Laval.

– Connais-tu aussi les noms ?

– Je connais les bois, je connais les noms, jeconnais tout.

– Tu n’oublieras rien ?

– Rien.

– C’est bien. À présent, attention. Combienpeux-tu faire de lieues par jour ?

– Dix, quinze, dix-huit, vingt, s’il lefaut.

– Il le faudra. Ne perds pas un mot de ce queje vais te dire. Tu iras au bois de Saint-Aubin.

– Près de Lamballe ?

– Oui. Sur la lisière du ravin qui est entreSaint-Rieul et Plédéliac il y a un gros châtaignier. Tu t’arrêteraslà. Tu ne verras personne.

– Ce qui n’empêche pas qu’il y aura quelqu’un.Je sais.

– Tu feras l’appel. Sais-tu fairel’appel ?

Halmalo enfla ses joues, se tourna du côté dela mer, et l’on entendit le hou-hou de la chouette.

On eût dit que cela venait des profondeursnocturnes ; c’était ressemblant et sinistre.

– Bien, dit le vieillard. Tu en es.

Il tendit à Halmalo le nœud de soie verte.

– Voici mon nœud de commandement. Prends-le.Il importe que personne encore ne sache mon nom. Mais ce nœudsuffit. La fleur de lys a été brodée par Madame Royale dans laprison du Temple.

Halmalo mit un genou en terre. Il reçut avecun tremblement le nœud fleurdelysé, et en approcha seslèvres ; puis s’arrêtant comme effrayé de ce baiser :

– Le puis-je ? demanda-t-il.

– Oui, puisque tu baises le crucifix.

Halmalo baisa la fleur de lys.

– Relève-toi, dit le vieillard.

Halmalo se releva et mit le nœud dans sapoitrine.

Le vieillard poursuivit :

– Écoute bien ceci. Voici l’ordre :Insurgez-vous. Pas de quartier. Donc, sur la lisière dubois de Saint-Aubin tu feras l’appel. Tu le feras trois fois. À latroisième fois tu verras un homme sortir de terre.

– D’un trou sous les arbres. Je sais.

– Cet homme, c’est Planchenault, qu’on appelleaussi Cœur-de-Roi. Tu lui montreras ce nœud. Il comprendra. Tu irasensuite, par les chemins que tu inventeras, au boisd’Astillé ; tu y trouveras un homme cagneux qui est surnomméMousqueton, et qui ne fait miséricorde à personne. Tu lui diras queje l’aime, et qu’il mette en branle ses paroisses. Tu iras ensuiteau bois de Couesbon qui est à une lieue de Ploërmel. Tu ferasl’appel de la chouette ; un homme sortira d’un trou ;c’est M. Thuault, sénéchal de Ploërmel, qui a été de ce qu’onappelle l’Assemblée constituante, mais du bon côté. Tu lui dirasd’armer le château de Couesbon qui est au marquis de Guer, émigré.Ravins, petits bois, terrain inégal, bon endroit. M. Thuaultest un homme droit et d’esprit. Tu iras ensuite àSaint-Ouen-les-Toits, et tu parleras à Jean Chouan, qui est à mesyeux le vrai chef. Tu iras ensuite au bois de Ville-Anglose, tu yverras Guitter, qu’on appelle Saint-Martin, tu lui diras d’avoirl’œil sur un certain Courmesnil, qui est gendre du vieux Goupil dePréfeln et qui mène la jacobinière d’Argentan. Retiens bien tout.Je n’écris rien parce qu’il ne faut rien écrire. La Rouarie a écritune liste ; cela a tout perdu. Tu iras ensuite au bois deRougefeu où est Miélette qui saute par-dessus les ravins ens’arc-boutant sur une longue perche.

– Cela s’appelle une ferte.

– Sais-tu t’en servir ?

– Je ne serais donc pas Breton et je ne seraisdonc pas paysan ? La ferte, c’est notre amie. Elle agranditnos bras et allonge nos jambes.

– C’est-à-dire qu’elle rapetisse l’ennemi etraccourcit le chemin. Bon engin.

– Une fois, avec ma ferte, j’ai tenu tête àtrois gabeloux qui avaient des sabres.

– Quand ça ?

– Il y a dix ans.

– Sous le roi ?

– Mais oui.

– Tu t’es donc battu sous le roi ?

– Mais oui.

– Contre qui ?

– Ma foi, je ne sais pas. J’étaisfaux-saulnier.

– C’est bien.

– On appelait cela se battre contre lesgabelles. Les gabelles, est-ce que c’est la même chose que leroi ?

– Oui. Non. Mais il n’est pas nécessaire quetu comprennes cela.

– Je demande pardon à monseigneur d’avoir faitune question à monseigneur.

– Continuons. Connais-tu la Tourgue ?

– Si je connais la Tourgue ! j’ensuis.

– Comment ?

– Oui, puisque je suis de Parigné.

– En effet, la Tourgue est voisine deParigné.

– Si je connais la Tourgue ! Le groschâteau rond qui est le château de famille de mes seigneurs !Il y a une grosse porte de fer qui sépare le bâtiment neuf dubâtiment vieux et qu’on n’enfoncerait pas avec du canon. C’est dansle bâtiment neuf qu’est le fameux livre sur saint Barthélemy qu’onvenait voir par curiosité. Il y a des grenouilles dans l’herbe.J’ai joué tout petit avec ces grenouilles-là. Et la passesouterraine ! je la connais. Il n’y a peut-être plus que moiqui la connaisse.

– Quelle passe souterraine ? Je ne saispas ce que tu veux dire.

– C’était pour autrefois, dans les temps,quand la Tourgue était assiégée. Les gens du dedans pouvaient sesauver dehors en passant par un passage sous terre qui va aboutir àla forêt.

– En effet, il y a un passage souterrain de cegenre au château de la Jupellière, et au château de la Hunaudaye,et à la tour de Champéon ; mais il n’y a rien de pareil à laTourgue.

– Si fait, monseigneur. Je ne connais pas cespassages-là dont monseigneur parle. Je ne connais que celui de laTourgue, parce que je suis du pays. Et, encore, il n’y a guère quemoi qui sache cette passe-là. On n’en parlait pas. C’était défendu,parce que ce passage avait servi du temps des guerres deM. de Rohan. Mon père savait le secret et il me l’amontré. Je connais le secret pour entrer et le secret pour sortir.Si je suis dans la forêt, je puis aller dans la tour, et si je suisdans la tour, je puis aller dans la forêt, sans qu’on me voie. Etquand les ennemis entrent, il n’y a plus personne. Voilà ce quec’est que la Tourgue. Ah ! je la connais.

Le vieillard demeura un moment silencieux.

– Tu te trompes évidemment ; s’il y avaitun tel secret, je le saurais.

– Monseigneur, j’en suis sûr. Il y a unepierre qui tourne.

– Ah bon ! Vous autres paysans, vouscroyez aux pierres qui tournent, aux pierres qui chantent, auxpierres qui vont boire la nuit au ruisseau d’à côté. Tas decontes.

– Mais puisque je l’ai fait tourner, lapierre…

– Comme d’autres l’ont entendue chanter.Camarade, la Tourgue est une bastille sûre et forte, facile àdéfendre ; mais celui qui compterait sur une issue souterrainepour s’en tirer serait naïf.

– Mais, monseigneur…

Le vieillard haussa les épaules.

– Ne perdons pas de temps, parlons de nosaffaires.

Ce ton péremptoire coupa court à l’insistancede Halmalo.

Le vieillard reprit :

– Poursuivons. Écoute. De Rougefeu, tu iras aubois de Montchevrier, où est Bénédicité, qui est le chef des Douze.C’est encore un bon. Il dit son Benedicite pendant qu’ilfait arquebuser les gens. En guerre, pas de sensiblerie. DeMontchevrier, tu iras…

Il s’interrompit.

– J’oubliais l’argent.

Il prit dans sa poche et mit dans la main deHalmalo une bourse et un portefeuille.

– Voilà dans ce portefeuille trente millefrancs en assignats, quelque chose comme trois livres dixsous ; il faut dire que les assignats sont faux, mais lesvrais valent juste autant ; et voici dans cette bourse,attention, cent louis en or. Je te donne tout ce que j’ai. Je n’aiplus besoin de rien ici. D’ailleurs, il vaut mieux qu’on ne puissepas trouver d’argent sur moi. Je reprends. De Montchevrier tu irasà Antrain, où tu verras M. de Frotté ; d’Antrain àla Jupellière, où tu verras M. de Rochecotte ; de laJupellière à Noirieux, où tu verras l’abbé Baudouin. Terappelleras-tu tout cela ?

– Comme mon Pater.

– Tu verras M. Dubois-Guy àSaint-Brice-en-Cogle, M. de Turpin, à Morannes, qui estun bourg fortifié, et le prince de Talmont, à Château-Gonthier.

– Est-ce qu’un prince me parlera ?

– Puisque je te parle.

Halmalo ôta son chapeau.

– Tout le monde te recevra bien en voyantcette fleur de lys de Madame. N’oublie pas qu’il faut que tu aillesdans des endroits où il y a des montagnards et des patauds. Tu tedéguiseras. C’est facile. Ces républicains sont si bêtes, qu’avecun habit bleu, un chapeau à trois cornes et une cocarde tricoloreon passe partout. Il n’y a plus de régiments, il n’y a plusd’uniformes, les corps n’ont pas de numéros ; chacun met laguenille qu’il veut. Tu iras à Saint-Mhervé. Tu y verras Gaulier,dit Grand-Pierre. Tu iras au cantonnement de Parné où sont leshommes aux visages noircis. Ils mettent du gravier dans leursfusils et double charge de poudre pour faire plus de bruit, ilsfont bien ; mais surtout dis-leur de tuer, de tuer, de tuer.Tu iras au camp de la Vache-Noire qui est sur une hauteur, aumilieu du bois de la Charnie, puis au camp de l’Avoine, puis aucamp Vert, puis au camp des Fourmis. Tu iras au Grand-Bordage,qu’on appelle aussi le Haut-du-Pré, et qui est habité par une veuvedont Treton, dit l’Anglais, a épousé la fille. Le Grand-Bordage estdans la paroisse de Quelaines. Tu visiteras Épineux-le-Chevreuil,Sillé-le-Guillaume, Parannes, et tous les hommes qui sont dans tousles bois. Tu auras des amis et tu les enverras sur la lisière duhaut et du bas Maine ; tu verras Jean Treton dans la paroissede Vaisges, Sans-Regret au Bignon, Chambord à Bonchamps, les frèresCorbin à Maisoncelles, et le Petit-Sans-Peur, àSaint-Jean-sur-Erve. C’est le même qui s’appelle Bourdoiseau. Toutcela fait, et le mot d’ordre, Insurgez-vous, Pas dequartier, donné partout, tu joindras la grande armée, l’arméecatholique et royale, où elle sera. Tu verras MM. d’Elbée, deLescure, de La Rochejaquelein, ceux des chefs qui vivront alors. Tuleur montreras mon nœud de commandement. Ils savent ce que c’est.Tu n’es qu’un matelot, mais Cathelineau n’est qu’un charretier. Tuleur diras de ma part ceci : Il est temps de faire les deuxguerres ensemble ; la grande et la petite. La grande fait plusde tapage, la petite plus de besogne. La Vendée est bonne, laChouannerie est pire ; et en guerre civile, c’est la pire quiest la meilleure. La bonté d’une guerre se juge à la quantité demal qu’elle fait.

Il s’interrompit.

– Halmalo, je te dis tout cela. Tu necomprends pas les mots, mais tu comprends les choses. J’ai prisconfiance en toi en te voyant manœuvrer le canot ; tu ne saispas la géométrie, et tu fais des mouvements de mersurprenants ; qui sait mener une barque peut piloter uneinsurrection ; à la façon dont tu as manié l’intrigue de lamer, j’affirme que tu te tireras bien de toutes mes commissions. Jereprends. Tu diras donc ceci aux chefs, à peu près, comme tupourras, mais ce sera bien. J’aime mieux la guerre des forêts quela guerre des plaines ; je ne tiens pas à aligner cent millepaysans sous la mitraille des soldats bleus et sous l’artillerie demonsieur Carnot ; avant un mois je veux avoir cinq cent milletueurs embusqués dans les bois. L’armée républicaine est mongibier. Braconner, c’est guerroyer. Je suis le stratège desbroussailles. Bon, voilà encore un mot que tu ne saisiras pas,c’est égal, tu saisiras ceci : Pas de quartier ! et desembuscades partout ! Je veux faire plus de Chouannerie que deVendée. Tu ajouteras que les Anglais sont avec nous. Prenons larépublique entre deux feux. L’Europe nous aide. Finissons-en avecla révolution. Les rois lui font la guerre des royaumes,faisons-lui la guerre des paroisses. Tu diras cela. As-tucompris ?

– Oui. Il faut tout mettre à feu et àsang.

– C’est ça.

– Pas de quartier.

– À personne. C’est ça.

– J’irai partout.

– Et prends garde. Car dans ce pays-ci on estfacilement un homme mort.

– La mort, cela ne me regarde point. Qui faitson premier pas use peut-être ses derniers souliers.

– Tu es un brave.

– Et si l’on me demande le nom demonseigneur ?

– On ne doit pas le savoir encore. Tu dirasque tu ne le sais pas, et ce sera la vérité.

– Où reverrai-je monseigneur ?

– Où je serai.

– Comment le saurai-je ?

– Parce que tout le monde le saura. Avant huitjours on parlera de moi, je ferai des exemples, je vengerai le roiet la religion, et tu reconnaîtras bien que c’est de moi qu’onparle.

– J’entends.

– N’oublie rien.

– Soyez tranquille.

– Pars maintenant. Que Dieu te conduise.Va.

– Je ferai tout ce que vous m’avez dit.J’irai. Je parlerai. J’obéirai. Je commanderai.

– Bien.

– Et si je réussis…

– Je te ferai chevalier de Saint-Louis.

– Comme mon frère ; et si je ne réussispas, vous me ferez fusiller.

– Comme ton frère.

– C’est dit, monseigneur.

Le vieillard baissa la tête et sembla tomberdans une sévère rêverie. Quand il releva les yeux, il était seul.Halmalo n’était plus qu’un point noir s’enfonçant dansl’horizon.

Le soleil venait de se coucher.

Les goëlands et les mouettes à capuchonrentraient ; la mer c’est dehors.

On sentait dans l’espace cette espèced’inquiétude qui précède la nuit ; les rainettes coassaient,les jaquets s’envolaient des flaques d’eau en sifflant, les mauves,les freux, les carabins, les grolles, faisaient leur vacarme dusoir ; les oiseaux de rivage s’appelaient ; mais pas unbruit humain. La solitude était profonde. Pas une voile dans labaie, pas un paysan dans la campagne. À perte de vue l’étenduedéserte. Les grands chardons des sables frissonnaient. Le cielblanc du crépuscule jetait sur la grève une vaste clarté livide. Auloin les étangs dans la plaine sombre ressemblaient à des plaquesd’étain posées à plat sur le sol. Le vent soufflait du large.

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