Le Roman d’un enfant

XVI

Après le départ de mon frère, pendant l’hiverqui suivit, je passai beaucoup de mes heures de récréation dans machambre, à peindre les images du Voyage en Polynésie qu’il m’avaitdonné. Avec un soin extrême, je coloriai d’abord les branches defleurs, les groupes d’oiseaux. Le tour des bonshommes vintensuite.

Quant à ces deux jeunes filles tahitiennes aubord de la mer, pour lesquelles le dessinateur s’était inspiré denymphes quelconques, je les fis blanches, oh ! blanches etroses, comme les plus suaves poupées. Et je les trouvairavissantes, ainsi.

L’avenir se réservait de m’apprendre que leurteint est différent et leur charme tout autre…

Du reste mon sentiment sur la beauté s’estbien modifié depuis cette époque, et on m’eût beaucoup étonné alorsen m’apprenant quelles sortes de visages j’arriverais à trouvercharmants dans la suite imprévue de ma vie. Mais tous les enfantsont sous ce rapport le même idéal, qui change ensuite dès qu’ils sefont hommes. À eux, qui admirent en toute pureté naïve, il faut destraits doucement réguliers et des teints fraîchement roses ;plus tard, leur manière d’apprécier varie, suivant leur cultured’esprit et surtout au gré de leurs sens.

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