Le Roman d’un enfant

LXXXI

J’arrête là ces notes, parce que d’abord lasuite n’est pas encore assez loin de moi dans le temps pour êtrelivrée aux lecteurs inconnus. Et puis, il me semble que mon enfancepremière a vraiment pris fin ce jour où j’ai ainsi décidé monavenir.

J’avais alors quatorze ans et demi ;trois années me restaient par conséquent pour me préparer à l’Écolenavale ; c’était donc dans les choses très raisonnables ettrès possibles.

Cependant je devais me heurter encore à biendes refus, à des difficultés de toutes sortes avant d’entrer auBortla. Et ensuite je devais traverser bien des annéesd’hésitations, d’erreurs, de luttes ; monter à bien descalvaires ; payer cruellement d’avoir été élevé en petitesensitive isolée ; à force de volonté, refondre et durcir matrempe physique, aussi bien que morale, – jusqu’au jour où, versmes vingt-sept ans, un directeur de cirque, après avoir vu commemes muscles se détendaient maintenant en ressorts d’acier, laissatomber dans son admiration ces paroles, les plus profondes quej’aie entendues de ma vie : « Quel dommage, monsieur, quevotre éducation ait été commencée si tard ! »

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