LXXVI
Ce Paul, il savait des vers, d’un poètedéfendu appelé Alfred de Musset, qui me troublaient comme quelquechose d’inouï, de révoltant et de délicieux. En classe il me lesdisait à l’oreille, d’une voix imperceptible, et, avec un remords,je les lui faisais recommencer :
Jacques était immobile et regardait Marie.
Je ne sais ce qu’avait cette femme endormieD’étrange dans ses traits, de grand, de déjà vu.
Dans le cabinet de travail de mon frère, – oùj’allais de temps en temps m’isoler, retrouvant le regret de sondépart, – j’avais vu sur un rayon de la bibliothèque un gros volumedes œuvres de ce poète, et la tentation m’était souvent venue de leprendre ; mais on m’avait dit : « Tu ne toucheras àaucun des volumes qui sont là sans nous prévenir », et maconscience m’arrêtait encore.
Quant à en demander la permission, je savaistrop bien qu’elle me serait refusée…