Le Roman d’un enfant

LI

Le théâtre de Peau d’Âne, très agrandi enprofondeur, avec une série prolongée de portants, était maintenantmonté à poste fixe chez tante Claire. La petite Jeanne, plusintéressée depuis les nouveaux déploiements de mise en scène,venait plus souvent ; elle peignait des fonds, sous mesordres, et j’aimais ces moments-là où je reprenais sur elle toutema supériorité. Nous possédions maintenant, dans nos réserves, depleines boîtes de personnages ayant chacun leur nom et leur rôle,et, pour les défilés fantastiques, des régiments de monstres, debêtes, de gnomes, modelés en pâte et peints à l’aquarelle.

Je me souviens de notre satisfaction, de notreenthousiasme, le jour où fut essayé le grand décor circulaire sansportants qui représentait le « vide ». Des petits nuagesroses, éclairés par côté au jour frisant, erraient dans une étenduebleue que des voiles de gaze rendaient indécise. Et le char d’unefée aux cheveux de soie, traîné par deux papillons, s’avançait aumilieu, soutenu par d’invisibles fils.

Cependant rien n’aboutissait complètement,parce que nous ne savions pas nous borner ; c’étaient chaquefois des conceptions nouvelles, toujours de plus étonnants projets,et la répétition générale était reculée de mois en mois, jusquedans un avenir improbable…

Toutes les entreprises de ma vie auront, ouont eu déjà, le sort de cette Peau d’Âne…

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