LXXIX
Les vacances revinrent encore ; le voyagedans le Midi eut lieu pour la troisième fois, et là-bas, au beausoleil d’août et de septembre, tout se passa comme aux précédentesannées : mêmes jeux avec ma bande fidèle, mêmes expéditionsdans les vignes et les montagnes, mêmes rêveries de Moyen Âge dansles ruines de Castelnau, et, aux abords du sentier solitaire oùgisaient nos filons d’argent, même ardeur à fouiller le sol rouge,en prenant des airs d’aventuriers, – bien que, chez les petitsPeyral, la foi en ces mines n’y fut vraiment plus.
Ce recommencement toujours semblable des étésme donnait parfois l’illusion que ma vie d’enfant pourraitindéfiniment se prolonger ainsi ; cependant, je n’avais plusde joie à mes réveils ; une espèce d’inquiétude, semblable àcelle que laisse un devoir non accompli, me reprenait chaque matin,de plus en plus péniblement, à la pensée que le temps fuyait, queles vacances allaient finir et que je n’avais pas encore eu lecourage de décider de ma vie.