LXXIII
M’éveillant le lendemain matin, avec lesouvenir en soubresaut de quelque chose d’heureux, avec de la joietout au fond de moi-même, je vis d’abord un objet à silhouetteextraordinaire, qui était dans ma chambre sur une table : unepirogue de là-bas, évidemment, très svelte et très étrange, avecson balancier et ses voiles ! Puis mes yeux rencontrèrentd’autres objets inconnus : des colliers en coquilles enfilésde cheveux humains, des coiffures de plumes, des ornements d’unesauvagerie primitive et sombre, accrochés un peu partout, comme sila lointaine Polynésie fut venue à moi pendant mon sommeil… Donc,il avait commencé de faire ouvrir ses caisses, mon frère, et ilavait dû entrer sans bruit pendant que je dormais encore, pours’amuser à grouper autour de moi ces cadeaux destinés à monmusée.
Je me levai bien vite pour aller leretrouver : je l’avais à peine vu la veille ausoir !…