L’Héroïne du Colorado

CHAPITRE V – Acrobaties

Helen voyait le temps passer et personne nevenait la délivrer. La jeune fille s’énervait et sentait une grosseenvie de pleurer lui monter aux yeux.

Tout à coup, la porte du commissariat s’ouvritet Hamilton parut.

Helen eut un cri de joie et courut se jeterdans ses bras.

L’affaire fut vite réglée.

Le directeur de la Central Trust connaissaitparticulièrement M. Dumbar, auquel il raconta son aventure. Ilen profita pour solliciter son concours afin de pouvoir prendredans son coffre-fort les valeurs qui lui étaient indispensables.Malheureusement, dans l’occasion, M. Dumbar était absolumentimpuissant.

– Vous comprenez, mon cher ami, disait-ilà Hamilton, je ne puis rien. Les administrateurs de la banque nesont jamais là dedans l’après-midi et tous les retraits de valeursont faits dans la matinée. Je ne peux pourtant pas, pour vousfaire plaisir, faire cambrioler la banque par mes agents.

À de pareilles raisons, il n’y avait qu’à serendre.

Après avoir bien remercié le chef de lapolice, Hamilton quitta le commissariat avec Spike et Helen. Unefois dans la rue, nos trois amis tinrent conseil.

Il allait agir, le temps pressait. À tout prixil fallait trouver de l’argent et payer Dixler.

– C’est encore ce gredin-là qui a fait lecoup, gronda Spike.

– Croyez-vous ? fit Helen.

– J’en suis sûr.

– Que ce soit Dixler ou un autre,intervint Hamilton, le mal est fait et le résultat est acquis. Ànous de retourner une parade.

Et ils continuèrent à discuter devant lecommissariat. Pendant ce temps-là, à l’intérieur du poste depolice, une autre scène se passait.

M. Blommberry, mis en présence de Ward etde Senks, ne reconnaissait pas ses voleurs et le magistrat étaitobligé de relâcher ces deux gredins en leur rendant leurvalise.

Aussitôt Senks commença à crier et à déclarerau commissaire qu’il aurait de ses nouvelles, mais celui-ci, luimontrant du doigt l’endroit d’où il venait, lui fit comprendre parcette simple pantomime qu’il aurait tort d’insister.

Nos deux complices filèrent rapidement,enchantés de voir l’aventure si bien se terminer. Mais au moment oùils mettaient le pied dans la rue, ils s’arrêtèrent net.

Hamilton, Spike et Helen étaient à trois pasd’eux.

– Au trot, au trot ! commanda Warden entraînant son compagnon. Mais Hamilton avait reconnu sescompagnons de table et encore bien plus sa valise.

Il s’élança sur les traces des coquins encriant :

– Au voleur !

Helen et Spike le suivirent.

Les deux gredins se dirigeaient vers lagare.

Ils arrivèrent sur les voies juste au momentoù un train démarrait. Ils bondirent sur le marchepied ets’engouffrèrent dans le fourgon à bagages.

– Ils nous échappent ! cria Hamiltonavec un cri de désespoir.

– Pas du tout, répliqua Helen haletante,ils sont pris comme des rats. Ces imbéciles viennent de sauter dansle train omnibus qui va à Fall Creek. Dans une minute, le rapide dePittsburgh, qui suit une voie parallèle, va démarrer. Laissez-moifaire… Ah ! tant pis, je n’ai que le temps.

En effet, le convoi de Pittsburgh sortait dela gare, laissant sur le quai nos amis ébahis, et elle sauta dansle train en marche et disparut bientôt dans des nuages defumée.

La courageuse jeune fille, cramponnée à uneplate-forme, se hissait maintenant à la force des poignets sur letoit d’un wagon. Là, fouettée par le vent et la fumée, elle regardale train omnibus s’en allant cahin-caha sur la voie parallèle, etqui n’était pas à plus d’un mille.

– Nous ne pouvons la laisser seule contreces deux bandits, s’écria Hamilton en se tordant les mains.

– Voici une auto, monsieur ! dittout à coup Spike qui, depuis un moment cherchait un moyen derejoindre à tout prix la jeune fille.

Hamilton s’élança sur le chauffeur.

– Mille dollars pour suivre l’expresstant que vous pourrez !

– Ça va, fit l’homme en manœuvrant sesmanettes, tandis que Hamilton et Spike sautaient dans lavoiture…

Cependant la distance qui séparait les deuxtrains diminuait rapidement.

Bientôt la machine de l’express atteignait ladernière voiture du train omnibus.

Helen se dressa, tous les nerfs tendus.

Elle calcula sa distance, prit son élan et, aurisque de se tuer vingt fois, sauta sur le toit de l’un des wagonsde l’autre train.

Elle roula, se retint comme elle put et, sanss’inquiéter des égratignures de l’épiderme et des accrocs de sarobe, se mit en devoir de gagner le fourgon aux bagages où ellesavait que les deux voleurs s’étaient réfugiés.

Senks et Ward étaient bien tranquilles et ilsriaient encore de la mine déconfite de Hamilton en les voyant filerà sa barbe quand Ward tressaillit.

– Hé ! Senks, vois donc…

Une forme blanche venait de se glisser dans lefourgon. Ward reconnut Helen.

– Damnation ! cria-t-il. MissHolmes !

Helen, du premier coup d’œil, avait vu lavalise et avait bondi, mais Senks lui barra le passage et Ward lasaisit à pleins bras.

Avec une force incroyable, Helen luttaitcontre les deux hommes et dans ce terrible danger conservait toutson sang-froid.

D’un coup de pied violent, elle envoya le sachors du wagon.

Fous de rage, les deux bandits cherchaient àl’étrangler, mais Helen, de deux coups de poing bien appliqués, sedébarrassa de ses agresseurs et, souple comme une couleuvre, glissahors du fourgon et se laissa tomber sur la voie.

Elle se releva sans aucun mal et se mitaussitôt à la recherche de la valise.

D’abord étourdi, Senks dit :

– Elle m’a démoli !

– Tu te plaindras plus tard, réponditdurement Ward, il s’agit de la rejoindre.

Et avec la même adresse et la même ardeur, lesdeux coquins s’élancèrent, à leur tour, sur la voie.

*

**

L’auto allait à une formidable allure et avaitrejoint déjà le train-omnibus, quand, passant sur un petit pont quicoupait la voie, Spike cria de toutes ses forces :

– Stop ! stop ! mais arrêtezdonc, mille diables !

L’ex-forçat venait d’apercevoir à quelquesmètres au-dessous de lui, Helen qui, aux mains des gredins quil’avaient rejointe, allait succomber.

Hamilton vit aussi ce qui se passait.

Le chauffeur freina brusquement.

Hamilton poussa un cri.

Le brave Spike venait, pour aller plus vite,de sauter du pont sur la voie.

À toutes jambes, le tuteur de Helendégringolait la pente…

Il était temps que les deux sauveteursarrivent.

Helen, à bout de forces, sentait tout sedérober autour d’elle.

Elle vit dans un rêve Spike et Hamiltonassommer les deux bandits, et elle sentait le vieux Ham quil’embrassait, en lui disant :

– Vous n’avez pas de mal, au moins, mapetite Helen…

*

**

Dixler, parfaitement content, car il n’avaitpas revu Hamilton de la journée, venait de rentrer chez lui, quandil entendit sonner.

En l’absence de Ward, il alla ouvrirlui-même.

Il retint un cri de rage.

Le directeur de la Central Trust était en saprésence et lui disait avec un bon sourire :

– Il n’est encore que cinq heures vingt,je suis donc en avance d’une bonne heure. Faites-moi votre reçu,Dixler… Voici l’argent.

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