La Fille du Juif-Errant

Chapitre 30L’INCENDIE

La calèche courait au galop furieux de sesdeux chevaux. Le comte Roland soutenait dans ses bras la comtessemourante. On rencontrait sur la route les hussards qui se hâtaient,les pompiers qui allaient à perdre haleine, la foule secourable ousimplement curieuse qui trottait en bavardant.

– Paul ! murmurait la comtesse.Personne ne me parle de Paul !

Derrière la calèche, à la place du valet depied, il y avait un homme chaudement enveloppé dans un amplemanteau. Cet homme se penchait parfois sur la capote relevée pourregarder la comtesse Louise. On aurait pu reconnaître alors lescheveux fades et les cils blondâtres de sir Arthur brillant auxrayons de la lune.

On rencontre parfois chez les Anglais dechevaleresques dévoûments. Peut-être que sir Arthur avait choisicette voie pour arriver plus vite et livrer bataille à l’incendie.C’était un original.

Au tournant des peupliers, on aperçut unmagnifique et horrible tableau. La villa n’était plus qu’uneimmense gerbe de flamme, éclairant ce doux paysage où naguère il yavait tant de bonheur !

Les hussards attaquaient le feu, et avecquelle vaillance ! Qui n’a vu nos soldats français aux prisesavec ces tempêtes embrasées n’a jamais admiré le sublime transportde la vaillance humaine !

On les voyait se lancer en masses, comme si lacharge eût sonné, comme si l’ennemi eût été de chair et d’os ;on les voyait attaquer, tête baissée, le fulgurant colosse. Laplupart étaient repoussés au premier choc, mais certainspassaient : des démons, des salamandres, qui s’agitaient,noirs, dans la rouge fournaise.

– Paul criait la comtesse Louise. Paulest-il sauvé ?

Le colonel Roland s’était élancé hors de lacalèche. Il gravissait la colline. Sir Arthur sauta à terre et lesuivit, laissant Louise plus qu’à demi évanouie dans lavoiture.

Des blessés passaient, portés sur desbrancards. Louise n’osait plus interroger, mais elle entendit qu’ondisait :

– Il n’y a plus que l’enfant en haut,tout en haut de la maison !

L’enfant ! son Paul ! soncœur !

Louise joignit les mains, prononça le nom deDieu et tomba sans connaissance.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer