La Fille du Juif-Errant

Chapitre 24LA MORT DU JUIF-ERRANT

– Je suis un peu parente, ditMme Lancelot, de M. Galapian, qui fait lesaffaires du colonel. C’est une drôle de maison, qui va comme ellepeut. On élève le petit plus mal qu’un prince constitutionnel.Enfin, ça ne nous regarde pas.

Chez les Savray, il est défendu de parler duJuif-Errant, mais tout le monde s’en occupe. L’abbé Romorantin afouillé plus de cinq cents vieux bouquins où il est question peu oubeaucoup du Juif-Errant. M. Galapian vient dîner chez noustous les dimanches. Vous savez bien qu’il y a plusieurs Juifserrants : Isaac Laquedem qu’on appelle aussi Ahasverus, anciencordonnier de son état ; Cataphilus, le portier de PoncePilate, et Ozer, le soldat d’Hérode, et d’autres…

– Non, fut-il répondu, nous ne savionspas cela.

Et la sous-intendante déclara :

– C’est très-curieux. Vous nousprésenterez ce M. Galapian.

– Une fine mouche, et qui fait sa pelotelà-dedans, il faut voir ! Donc, il y a deux ou trois mois, ilvint dîner et nous dit : le mot du rébus. « Quelrébus ? » demanda M. Lancelot, qui n’est bon qu’àson bureau ; mais à son bureau, par exemple, il estfort !

Moi, j’avais déjà deviné qu’il s’agissait del’affaire de Lamballe…

Ici, M. Lancelot prit la parole etdit :

– Sans cesse occupé de problèmesadministratifs j’avoue, madame Lancelot, que j’accorde peud’attention à ces matières frivoles ; néanmoins, il n’est pasexact de prétendre…

On fit taire M. Lancelot,Mme Lancelot poursuivit :

– M. Galapian aime les petits pâtés.Nous en avions. « Voilà, me dit-il ce pédant d’abbé Romorantina trouvé le pot aux roses dans Matthieu Pâris ! Il paraît quele Juif-Errant meurt tous les cent ans… »

– Ah bah ! fit la sous-intendantemilitaire.

Les autres témoignèrent leur étonnement pardes exclamations diverses.

– Je lui demandai, repritMme Lancelot : « Qu’est-ce que cela faità l’histoire de Lamballe ? – Ce que cela fait !s’écria-t-il. Cela fait que le Juif-Errant est mort chez eux,qu’ils l’ont soigné dans son agonie et qu’il leur a donné enpayement quelque sortilége, comme le Pied de mouton deMartainville. »

– Peut-être, fit observer lasous-intendante, a-t-il percé sa poche pour eux.

– Voilà ce que cela fait, continuaMme Lancelot, c’est aussi important que l’affairede la petite Ruthaël.

Et tout le monde de s’écrier :

– Qu’est-ce que c’est que l’affaire de lapetite Ruthaël ?

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