Chapitre 41L’ÉCOLIER PAUL
Nous sommes à Paris. Le temps est comme leJuif errant : il marche, il marche…
Le temps avait marché. La comtesse Louiseétait toujours belle, mais bien triste et bien pâlie.
Vous eussiez eu peine à reconnaître le vicomtePaul dans ce fier jeune homme au regard mélancolique, qui allaittous les jours deux fois au collége Henri IV et deux fois enrevenait, seul et s’éloignant des joyeuses espiègleries de sescondisciples. Le vicomte Paul se nommait tout uniment M. Paul.Il n’y avait plus guère que Fanchon Honoré pour se tromper de tempsen temps et lui donner encore son titre d’autrefois.
Le malheur avait mis la pensée pesante danscette jeune tête. Si Paul ne riait plus comme jadis, il travaillaitde toute sa force. Il avait un but. Il travaillait pour être leprotecteur de sa mère.
Eh ! Quoi ! la comtesse Louise deSavray, cette jeune femme si brillante et si riche, si heureusesurtout, avait elle donc besoin d’être protégée ?
Et que pouvait un adolescent, élève au collégeHenri IV, pour la filleule du roi Louis XVIII ?
Il y avait des années que le roiLouis XVIII était mort. Les deux cent mille livres de rentesétaient Dieu sait où. La comtesse Louise habitait un petitappartement au troisième étage de la rue de l’Ouest. Elle portaitle deuil de veuve, quoique le colonel comte Roland de Savray ne fûtpoint mort.
Quand notre ami Paul rentrait du collégeHenri IV, il embrassait sa mère, et tous les deux bien souventpleuraient.