La Fille du Juif-Errant

Chapitre 34L’ESCALIER

Où était-il donc le colonel comte Roland deSavray ? On l’avait vu quitter la calèche et gravir lacolline. Personne n’avait remarqué que sir Arthur montait derrièrelui, l’anglais à barbe jaune.

Le comte Roland n’était nulle part. On lecherchait en vain. C’était une chose étrange que l’absence dumaître dans ces circonstances désespérées.

La comtesse Louise restait toujours évanouiedans sa calèche. Personne ne la gardait. Cocher et valets étaientau feu.

Hussards et pompiers, réunis cette fois, sepréparaient pour une suprême tentative. L’escalier central était ànu par suite d’éboulements successifs. On espérait l’atteindre.

Pour quiconque n’a jamais vu réussir lessplendides folies du courage, c’était une entrepriseextravagante.

Les trompettes du régiment sonnèrent commepour la charge, et deux bataillons intrépides, les hussards et lespompiers, se ruèrent sur la villa embrasée.

En ce moment, la comtesse Louises’éveillait.

Elle put voir ces anges noirs marcher dans lefeu… vaincre le feu, allions-nous dire, car les deux escouadespénétrèrent jusqu’à l’escalier.

Mais l’escalier s’abîma, lançant vers le cielune colonne d’étincelles tourbillonnantes.

Il y eut une exclamation profonde comme unrâle.

Puis un cri d’étonnement joyeux.

Car tout le monde vit, la mère comme lesautres, un homme, – était-ce un homme ? – qui paraissait à lafenêtre de la chambre haute.

Cet homme était de grande taille. Il portaitune longue barbe que la poussière de feu saupoudrait ; ilavait un long bâton à la main. Il tenait entre ses bras un enfant,vêtu seulement de sa chemise blanche.

Et l’enfant semblait dormir.

La comtesse Louise tendit ses bras tremblants.Elle n’avait pas de paroles ; mais comme son cœur tout entierjaillissait vers Dieu !

L’homme enjamba le balcon. L’incendiel’éclairait mieux que n’eût fait un beau soleil d’été. Il étaitcalme et recueilli. Derrière lui, était-ce un flocon de fumée ouune forme humaine ? Bien des gens parmi ceux qui étaient là,frémissant, espérant, admirant, prononcèrent le nom de Lotte.

Et il y en eut qui ajoutèrent, ceux quisavaient l’histoire de Lamballe :

– La fille du Juif-Errant !

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