Chapitre 40À PARIS
Au moment où notre voyageur, après avoirdéjeuné de pain sec et d’eau en se promenant, revenait auxTrois-Puits, la banne ramenait au jour la petite fille. Elle avaitrepris sa taille d’enfant et sa frêle apparence.
– Père, dit-elle, ils sont en bas tousles deux. Je n’aurais pu les reconnaître, car ce qui leur rested’âme est dans des corps de rebut. Mais ils ont assez d’âme encorepour se souvenir vaguement et cruellement souffrir.
Le voyageur ne s’était pas arrêté pourl’entendre.
– Nous allons à Paris, dit-il.
– À Paris ! s’écria-t-elle tandisqu’un joyeux sourire éclairait la pâleur de son visage. Je vaisdonc les revoir ! elle et lui !
– Ruthaël, prononça tout bas le voyageur,j’ai interrogé l’ange. Dieu permettra que tu choisisses entre tonpère et ton époux…
– Moi ! te quitter ! s’écrial’enfant qui fondit en larmes.
Sans s’arrêter, le voyageur l’enleva dans sesbras et la pressa contre son cœur.
– Ozer est là-bas, dit-il, l’infâmeOzer ! J’ai appris ici ce que je voulais savoir, Dieu estmiséricordieux. Chaque bonne action diminue ma peine. Allons fairele bien et combattre le mal !
Ruthaël qui s’était remise à son côtémurmura :
– Dieu bon, pardonnez à mon père, au nomdu Père du fils et du Saint-Esprit !