XXXVII
Un jour de l’année 1830, étant entré dans uneéglise de Paris le soir, j’y vis apporter le cercueil, couvert d’undrap blanc, d’une jeune fille. Ce cercueil me rappela Graziella. Jeme cachai sous l’ombre d’un pilier. Je songeai à Procida, et jepleurai longtemps.
Mes larmes se séchèrent ; mais les nuagesqui avaient traversé ma pensée pendant cette tristesse d’unesépulture ne s’évanouirent pas. Je rentrai silencieux dans machambre. Je déroulai les souvenirs qui sont retracés dans cettelongue note, et j’écrivis d’une seule haleine et en pleurant lesvers intitulés Le Premier Regret. C’est la note, affaibliepar vingt ans de distance, d’un sentiment qui fit jaillir lapremière source de mon cœur. Mais on y sent encore l’émotion d’unefibre intime qui a été blessée et qui ne guérira jamais bien.
Voici ces strophes, baume d’une blessure,rosée d’un cœur parfum d’une fleur sépulcrale. Il n’y manquait quele nom de Graziella. Je l’y encadrerais dans une strophe, s’il yavait ici-bas un cristal assez pur pour renfermer cette larme, cesouvenir, ce nom !