V
Cecco, c’était le nom du cousin de Graziella,continuait à venir plus assidûment de jour en jour passer les soirsd’hiver dans la famille du marinaro. Bien que la jeunefille ne lui donnât aucune marque de préférence et qu’il fût mêmel’objet habituel de ses badinages et un peu le jouet de sa cousine,il était si doux, si patient et si humble devant elle, qu’elle nepouvait s’empêcher d’être touchée de ses complaisances et de luisourire quelquefois avec bonté. C’était assez pour lui. Il était decette nature de cœurs faibles, mais aimants, qui, se sentantdéshérités par la nature des qualités qui font qu’on est aimé, secontentent d’aimer sans retour et qui se dévouent comme desesclaves volontaires au service, sinon au bonheur, de la femme àlaquelle ils assujettissent leur cœur. Ce ne sont pas les plusnobles, mais ce sont les plus touchantes natures d’attachement. Onles plaint, mais on les admire. Aimer pour être aimé, c’est del’homme ; mais aimer pour aimer c’est presque de l’ange.