Graziella

II

Nous n’avions sauvé des flots que troisvolumes dépareillés, parce que ceux-là ne se trouvaient pas dansnotre valise de marin, quand nous la jetâmes à la mer :c’était un petit volume italien d’Ugo Foscolo, intitulé Lettresde Jacopo Ortis, espèce de Werther, moitié politique, moitiéromanesque, où la passion de la liberté de son pays se mêle dans lecœur d’un jeune Italien à sa passion pour une belle Vénitienne. Ledouble enthousiasme, nourri par ce double feu de l’amant et ducitoyen, allume dans l’âme d’Ortis une fièvre dont l’accès, tropfort pour un homme sensible et maladif, produit enfin le suicide.Ce livre, copie littérale mais coloriée et lumineuse duWerther de Gœthe, était alors entre les mains de tous lesjeunes hommes qui nourrissaient, comme nous, dans leur âme, cedouble rêve de ceux qui sont dignes de rêver quelque chose degrand : l’amour et la liberté.

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