Graziella

IV

Les familiarités charmantes de ces longues etdouces soirées à la lueur de la lampe, à la tiède chaleur dubrasier d’olives sous nos pieds, n’amenaient jamais entre nousd’autres pensées ni d’autres intimités que ces intimités d’enfants.Nous étions défendus, moi par mon insouciance presque froide, ellepar sa candeur et sa pureté. Nous nous séparions aussi tranquillesque nous nous étions réunis, et un moment après ces longsentretiens nous dormions sous le même toit, à quelques pas l’un del’autre, comme deux enfants qui ont joué ensemble le soir et qui nerêvent rien au-delà de leurs simples amusements. Ce calme dessentiments qui s’ignorent et qui se nourrissent d’eux-mêmes auraitduré des années, sans une circonstance qui changea tout et qui nousrévéla à nous-mêmes la nature d’une amitié qui nous suffisait pourêtre si heureux.

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