Graziella

XXI

Beppo fut le premier qui y monta. Debout surle petit faux-pont de la proue, il tirait un à un de la cale toutle gréement dont nous l’avions remplie : l’ancre, lescordages, les jarres à quatre anses, les belles voiles neuves, lespaniers, les capotes aux larges manches ; il faisait sonnerl’ancre, il élevait les rames au-dessus de sa tête, il dépliait latoile, il froissait entre ses doigts le rude duvet des manteaux, ilmontrait toutes ces richesses à son grand-père, à sa grand-mère, àsa sœur avec des cris et des trépignements de bonheur. Le père, lamère, Graziella pleuraient en regardant tour à tour la barque etnous.

Les marins qui avaient amené l’embarcation,cachés derrière les rochers, pleuraient aussi. Tout le monde nousbénissait. Graziella, le front baissé et plus sérieuse dans sareconnaissance, s’approcha de sa grand-mère, et je l’entendismurmurer en nous montrant du doigt : « Vous disiez quec’étaient des païens, et quand je vous disais, moi, que cepouvaient bien être plutôt des anges ! Qui est-ce qui avaitraison ? »

La vieille femme se jeta à nos pieds et nousdemanda pardon de ses soupçons. Depuis cette heure, elle nous aimapresque autant qu’elle aimait sa petite-fille ou Beppo.

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