Graziella

XXII

Elle y ajoutait ces mystérieuses superstitionsdu sentiment qui donnent un sens et un prix aux plus insignifiantescirconstances. Elle levait, pour ainsi dire, un à un tous lesvoiles de son âme devant moi. Elle se montrait comme à Dieu, danstoute la nudité de sa candeur de son enfance, de son abandon. L’âmen’a qu’une fois dans la vie de ces moments où elle se verse toutentière dans une autre âme avec ce murmure intarissable des lèvresqui ne peuvent suffire à son amoureux épanchement, et qui finissentpar balbutier des sons inarticulés et confus comme des baisersd’enfant qui s’endort.

Je ne me lassais pas moi-même d’écouter degémir et de frissonner tour à tour. Bien que mon cœur trop léger ettrop vert encore de jeunesse, ne fût ni assez mûr ni assez fécondpour produire de lui-même de si brûlantes et de si divinesémotions, ces émotions faisaient, en tombant dans le mien, uneimpression si neuve et si délicieuse, qu’en les sentant je croyaisles éprouver. Erreur ! j’étais la glace et elle était le feu.En le reflétant, je croyais le produire. N’importe ; cerayonnement, répercuté de l’un à l’autre, semblait appartenir àtous les deux et nous envelopper de l’atmosphère du mêmesentiment.

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