XVI
« Si Graziella est dans l’île, medisais-je, elle sera venue d’abord là, par l’instinct naturel quipousse l’oiseau vers son nid et l’enfant vers la maison de sonpère. Si elle n’y est plus, quelques traces me diront qu’elle y apassé. Ces traces me conduiront peut-être où elle est. Si je n’ytrouve ni elle ni traces d’elle, tout est perdu : les portesde quelque sépulcre vivant se seront à jamais refermées sur sajeunesse. »
Agité de ce doute terrible, je touchais audernier degré. Je savais dans quelle fente de rocher la vieillemère, en partant, avait caché la clef de la maison. J’écartai lelierre et j’y plongeai la main. Mes doigts y cherchaient à tâtonsla clef, tout crispés de peur d’y sentir le froid du fer qui nem’eût plus laissé d’espérance…
La clef n’y était pas. Je poussai un criétouffé de joie et j’entrai à pas muets dans la cour. La porte, lesvolets étaient fermés ; une légère lueur qui s’échappait parles fentes de la fenêtre et qui flottait sur les feuilles dufiguier trahissait une lampe allumée dans la demeure. Qui eût putrouver la clef, ouvrir la porte, allumer la lampe, si ce n’étaitl’enfant de la maison ? Je ne doutai pas que Graziella ne fûtà deux pas de moi, et je tombai à genoux sur la dernière marche del’escalier pour remercier l’ange qui m’avait guidé jusqu’àelle.