Graziella

XXIV

Nous éveiller au cri des hirondelles quieffleuraient notre toit de feuilles sur la terrasse où nous avionsdormi ; écouter la voix enfantine de Graziella, qui chantait àdemi-voix dans la vigne, de peur de troubler le sommeil des deuxétrangers ; descendre rapidement à la plage pour nous plongerdans la mer et nager quelques minutes dans une petite calanque,dont le sable fin brillait à travers la transparence d’une eauprofonde, et où le mouvement et l’écume de la haute mer nepénétraient pas ; remonter lentement à la maison en séchant eten réchauffant au soleil nos cheveux et nos épaules trempés par lebain ; déjeuner dans la vigne d’un morceau de pain et defromage de buffle, que la jeune fille nous apportait et rompaitavec nous ; boire l’eau claire et rafraîchie de la source,puisée par elle dans une petite jarre de terre oblongue qu’ellepenchait en rougissant sur son bras, pendant que nos lèvres secollaient à l’orifice ; aider ensuite la famille dans lesmille petits travaux rustiques de la maison et du jardin ;relever les pans de murs de clôture qui entouraient la vigne et quisupportaient les terrasses ; déraciner de grosses pierres, quiavaient roulé, l’hiver du haut de ces murs sur les jeunes plants devigne, et qui empiétaient sur le peu de culture qu’on pouvaitpratiquer entre les ceps ; apporter dans le cellier lesgrosses courges jaunes dont une seule était la charge d’unhomme ; couper ensuite leurs filaments qui couvraient la terrede leurs larges feuilles et qui embarrassaient les pas dans leursréseaux ; tracer entre chaque rangée de ceps, sous lestreilles hautes, une petite rigole dans la terre sèche, pour quel’eau de la pluie s’y rassemblât d’elle-même et les abreuvât pluslongtemps ; creuser pour le même usage, des espèces de puitsen entonnoir au pied des figuiers et des citronniers : tellesétaient nos occupations matinales, jusqu’à l’heure où le soleildardait d’aplomb sur le toit, sur le jardin, sur la cour, et nousforçait à chercher l’abri des treilles. La transparence et lereflet des feuilles de vigne y teignaient les ombres flottantesd’une couleur chaude et un peu dorée.

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