Graziella

VII

Soit vertu de l’image et des prières qu’ellelui fit sans doute elle-même, soit influence calmante de cetteapparition de tendresse et d’intérêt que j’avais eue sous lestraits de Graziella, soit que la distraction charmante que saprésence et son entretien m’avaient donnée eût caressé et apaisél’agacement maladif de tout mon être, à peine fut elle sortie queje m’endormis d’un sommeil tranquille et profond.

Le lendemain, à mon réveil, en apercevant lesécorces d’oranges qui jonchaient le plancher de ma chambre, lachaise de Graziella tournée encore vers mon lit, comme si ellel’avait laissée et comme si elle allait s’y rasseoir encore ;la petite médaille pendue à mon rideau par le collier de soienoire, et toutes ces traces de cette présence et de ces soins defemme qui me manquaient depuis si longtemps, il me sembla, d’abordmal éveillé, que ma mère ou une de mes sœurs était entrée le soirdans ma chambre. Ce ne fut qu’en ouvrant tout à fait les yeux et enrappelant mes pensées une à une que la figure de Graziellam’apparut telle que je l’avais vue la veille.

Le soleil était si pur, le repos avait si bienfortifié mes membres, la solitude de ma chambre me pesait tant surle cœur le besoin d’entendre de nouveau le son d’une voix connue mepressait si fort, que je me levai aussitôt, tout faible et toutchancelant que j’étais ; je mangeai le reste desoranges ; je montai dans un corricolo de place et jeme fis conduire instinctivement du côté de la Margellina.

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