Graziella

IX

La mère et la jeune fille nous demandaient deleur dire, à notre tour qui nous étions, où était notre pays, quefaisaient nos parents ; si nous avions notre père, notre mère,des frères, des sœurs, une maison, des figuiers, des vignes ;pourquoi nous avions quitté tout cela si jeunes, pour venir ramer,lire, écrire, rêver au soleil et coucher sur la terre dans le golfede Naples. Nous avions beau dire, nous ne pouvions jamais leurfaire comprendre que c’était pour regarder le ciel et la mer pourévaporer notre âme au soleil, pour sentir fermenter en nous notrejeunesse et pour recueillir des impressions, des sentiments, desidées, que nous écririons peut-être ensuite en vers, comme ceuxqu’ils voyaient écrits dans nos livres, ou comme ceux que lesimprovisateurs de Naples récitaient ; le dimanche soir, auxmarins, sur le Môle ou à la Margellina.

« Vous voulez vous moquer de moi, nousdisait Graziella en éclatant de rire, vous des poëtes ! maisvous n’avez pas les cheveux hérissés et les yeux hagards de ceuxqu’on appelle de ce nom sur les quais de la marine ! Vous despoëtes ! et vous ne savez pas même pincer une note sur laguitare. Avec quoi donc accompagnerez-vous les chansons que vousferez ? »

Puis elle secouait la tête en faisant la moueavec ses lèvres et en s’impatientant de ce que nous ne voulions pasdire la vérité.

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