XXV – IMPROVISÉE
À la grande Chartreuse
Jéhova de la terre a consacré lescimes ;
Elles sont de ses pas le divin marchepied,
C’est là qu’environné de ses foudressublimes
Il vole, il descend, il s’assied.
Sina, l’Olympe même, en conservent latrace ;
L’Oreb, en tressaillant, s’inclina sous sespas ;
Thor entendit sa voix, Gelboé vit saface ;
Golgotha pleura son trépas.
Dieu que l’Hébron connaît, Dieu que Cédaradore,
Ta gloire à ces rochers jadis sedévoila ;
Sur le sommet des monts nous te cherchonsencore ;
Seigneur, réponds-nous ! es-tulà ?
Paisibles habitants de ces saintesretraites,
Comme l’ont entendu les guides d’Israël,
Dans le calme des nuits, des hauteurs où vousêtes
N’entendez-vous donc rien du ciel ?
Ne voyez-vous jamais les divines phalanges
Sur vos dômes sacrés descendre et sepencher ?
N’entendez-vous jamais des doux concerts desanges
Retentir l’écho du rocher ?
Quoi ! l’âme en vain regarde, aspire,implore, écoute ;
Entre le ciel et nous, est-il un murd’airain ?
Vos yeux, toujours levés vers la célestevoûte,
Vos yeux sont-ils levés en vain ?
Pour s’élancer, Seigneur, où ta voix lesappelle,
Les astres de la nuit ont des chars desaphirs,
Pour s’élever à toi, l’aigle au moins a sonaile ;
Nous n’avons rien que nos soupirs !
Que la voix de tes saints s’élève et tedésarme,
La prière du juste est l’encens desmortels ;
Et nous, pêcheurs, passons : nous n’avonsqu’une larme
À répandre sur tes autels.