Commentaire.
Cette ode est du même temps. C’est une gouttede la veine lyrique de mes premières années. Je l’écrivis un matinà Paris, dans une mansarde de l’hôtel du maréchal de Richelieu, rueNeuve-Saint-Augustin, que j’habitais alors. Un de mes amis entra aumoment où je terminais la dernière strophe. Je lui lus toute lapièce ; il fut ému. Il la copia, il l’emporta, et la lut àquelques poëtes classiques de l’époque, qui encouragèrent de leursapplaudissements le poëte inconnu. Je la dédiai ensuite à cet ami,qui faisait lui-même des vers remarquables. C’est M. Rocher,aujourd’hui une des lumières et une des éloquences de la hautemagistrature de son pays. Nos routes dans la vie se sont séparéesdepuis ; il a déserté la poésie avant moi. Il y aurait eu lessuccès promis à sa belle imagination. Nos vers s’étaient juréamitié : nos cœurs ont tenu la parole de nos vers.