Commentaire.
J’ai toujours pensé que la poésie étaitsurtout la langue des prières, la langue parlée et la révélation dela langue intérieure. Quand l’homme parle au suprême Interlocuteur,il doit nécessairement employer la forme la plus complète et laplus parfaite de ce langage que Dieu a mis en lui. Cette formerelativement parfaite et complète, c’est évidemment la formepoétique. Le vers réunit toutes les conditions de ce qu’on appellela parole, c’est-à-dire le son, la couleur, l’image, le rhythme,l’harmonie, l’idée, le sentiment, l’enthousiasme : la parolene mérite véritablement le nom de Verbe ou de Logos que quand elleréunit toutes ces qualités. Depuis les temps les plus reculés leshommes l’ont senti par instinct ; et tous les cultes ont eupour langue la poésie, pour premier prophète ou pour premierpontife les poëtes.
J’écrivis cet hymne de l’adoration rationnelleen me promenant sur une des montagnes qui dominent la gracieuseville de Chambéry, non loin des Charmettes, ce berceau de lasensibilité et du génie de J. J. Rousseau.