Commentaire.
Les grandes douleurs sont muettes, a-t-on dit.Cela est vrai. Je l’éprouvai après la première grande douleur de mavie. Pendant six ou huit mois, je me renfermai comme dans unlinceul avec l’image de ce que j’avais aimé et perdu. Puis, quandje me fus pour ainsi dire apprivoisé avec ma douleur, la naturejeta le voile de la mélancolie sur mon âme, et je me complus àm’entretenir en invocations, en extases, en prières, en poésie mêmequelquefois, avec l’ombre toujours présente à mes pensées.
Ces strophes sont un de ces entretiens que jeme plaisais à cadencer, afin de les rendre plus durables pourmoi-même, sans penser alors à les publier jamais. Je les écrivis unsoir d’été de 1819, sur le banc de pierre d’une fontaine glacéequ’on appelle la fontaine du Hêtre, dans les bois quientourent le château de mon oncle à Ursy. Que de vagues secrètes demon cœur le murmure de cette fontaine, qui tombe en cascade,n’a-t-il pas assoupies en ce temps-là !