Graziella

IX

Nous avancions peu ; la nuit étaittombée. La poussière, l’écume, les nuages que le vent roulait enlambeaux déchirés sur le canal en redoublaient l’obscurité. Levieillard avait ordonné à l’enfant d’allumer une de ses torches derésine, soit pour éclairer un peu sa manœuvre dans les profondeursde la mer, soit pour indiquer aux marins de Procida qu’une barqueétait en perdition dans le canal, et pour leur demander non leursecours, mais leurs prières.

C’était un spectacle sublime et sinistre quecelui de ce pauvre enfant accroché d’une main au petit mât quisurmontait la proue, et de l’autre élevant au-dessus de sa têtecette torche de feu rouge, dont la flamme et la fumée se tordaientsous le vent et lui brûlaient les doigts et les cheveux. Cetteétincelle flottante, apparaissant au sommet des lames etdisparaissant dans leur profondeur toujours prête à s’éteindre ettoujours rallumée, était comme le symbole de ces quatre viesd’hommes qui luttaient entre le salut et la mort dans les ombres etdans les angoisses de cette nuit.

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