Rocambole – En prison

Chapitre 51

 

 

Milon et Rocambole se regardaientsilencieusement.

Enfin Rocambole s’écria :

– Mais pourquoi donc a-t-ellepeur ?

– Je ne sais pas, dit Marmouset.

– Un pressentiment ! murmuraVanda.

– Nous ne pouvons pourtant pas demeurerici, maintenant, fit Marmouset.

Rocambole eut un soupir.

– Vanda est Russe, dit-il, elle croit àla destinée.

– Allons ! dit Vanda, et Dieu nousprotège !

Ils descendirent dans la cour, où ils avaientlaissé une lanterne allumée.

– Mes enfants, dit alors Rocambole, jesuis toujours votre capitaine. Par conséquent, je mettrai ledernier le pied sur l’échelle.

– Vous descendrez avant moi, maître, ditMarmouset.

– Et pourquoi cela ?

– Parce que le remords pourrait vousprendre, du moment où ce ne sont pas les fénians qui vousdélivrent.

Rocambole haussa les épaules.

– Tu es un niais ! dit-il.

Et il mit le pied sur l’échelle après Milon,qui était déjà descendu au fond de l’oubliette.

Ils descendirent ainsi un à un.

Quand ils furent tous dans le souterrain,Milon respira bruyamment.

– Maintenant ! dit-il, les fénianspeuvent mettre le feu à leur poudre.

Rocambole tressaillit.

– De quelle poudre veut-on parler ?dit-il.

– Que dis-tu ? s’écriaMarmouset.

– Les fénians voulaient vous délivrercette nuit, maître.

– Comment le sais-tu ?

– Polyte et moi, nous avons vu lesbarils.

– Des barils de poudre ?

– Oui, contre le mur de Newgate. Maisquand Newgate sautera, nous serons loin.

Vanda répétait :

– J’ai peur, j’ai peur…

Ils étaient arrivés dans la salle circulaire,où ils avaient laissé Pauline.

La petite femme était un peu pâle, et sonisolement momentané avait surexcité ses nerfs à un tel pointqu’elle jeta un cri en voyant Polyte et, se suspendant à son cou,elle lui dit :

– Viens, partons, partons vite !

– Ah ! dame dit Milon, il n’y a pasde temps à perdre.

Et regardant Marmouset en lui montrant un destrois souterrains qui aboutissaient à la sallecirculaire :

– C’est bien celui-ci qu’il fautprendre ?

– Oui.

– C’est celui qui aboutit à laTamise ? demanda Rocambole.

– Oui, maître.

Mais soudain le sol mugit et trembla sousleurs pieds, une détonation épouvantable se fit entendre et ilsfurent tous jetés violemment à terre.

– Ah ! voilà le malheur que jepressentais ! dit Vanda en tombant.

– La poudre ! la poudre desfénians ! hurla Milon.

Derrière eux, la galerie souterraine qu’ilsvenaient de parcourir s’écroulait avec fracas.

– Fuyons ! il en est tempsencore ! s’écria Marmouset.

Et il voulut entraîner Rocambole dans lanouvelle galerie qui aboutissait à la Tamise.

Les autres s’étaient relevés.

Cependant la terre tremblait toujours sousleurs pieds, et les éboulements continuaient.

– Ah ! dit Rocambole, qui seredressa, lui aussi, l’œil en feu et le front calme, est-ce donc madernière heure qui sonne ?

– Non, non ! dit Marmouset. Lechemin est libre, fuyons !

– Nous sommes perdus ! s’écriaVanda. Au nom du ciel ! n’allons pas plus loin !…

– Marchons ! dit au contraireMarmouset.

– Marchons ! répéta Rocambole.

– Ah ! les gredins de fénians !hurlait Milon.

Ils firent environ une trentaine de pas dansla nouvelle galerie.

Mais tout à coup une nouvelle détonation sefit entendre.

Vanda jeta un cri suprême et tomba sur sesgenoux.

Les compagnons de Rocambole se regardèrentavec une morne épouvante.

Seul, le maître demeura calme et le fronthaut.

La galerie qui menait à la Tamise s’écroulaità son tour, et sans doute elle allait engloutir tout vivantsRocambole et ses imprudents compagnons.

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