117 – LE TRIOMPHE DE BILITIS
Les processionnaires m’ont portée en triomphe,moi, Bilitis, toute nue sur un char en coquille où des esclaves,pendant la nuit, avaient effeuillé dix mille roses.
J’étais couchée, les mains sous la nuque, mespieds seuls étaient vêtus d’or, et mon corps s’allongeaitmollement, sur le lit de mes cheveux tièdes mêlés aux pétalesfrais.
Douze enfants, les épaules ailées, meservaient comme une déesse ; les uns tenaient un parasol, lesautres me mouillaient de parfums, ou brûlaient de l’encens à laproue.
Et autour de moi j’entendais bruire la rumeurardente de la foule, tandis que l’haleine des désirs flottait surma nudité, dans les brumes bleues des aromates.