106 – JE CHANTE MA CHAIR ET MA VIE
Certes je ne chanterai pas les amantescélèbres. Si elles ne sont plus, pourquoi en parler ? Nesuis-je pas semblable à elles ? N’ai-je pas trop de songer àmoi-même ?
Je t’oublierai, Pasiphaë, bien que ta passionfût extrême. Je ne te louerai pas, Syrinx ni toi, Byblis, ni toi,par la déesse entre toutes choisie, Hélène aux brasblancs !
Si quelqu’un souffrit, je ne le sens qu’àpeine. Si quelqu’un aima, j’aime davantage. Je chante ma chair etma vie, et non pas l’ombre stérile des amoureuses enterrées.
Reste couché, ô mon corps, selon ta missionvoluptueuse ! Savoure la jouissance quotidienne et lespassions sans lendemain. Ne laisse pas une joie inconnue auxregrets du jour de ta mort.