46 – LE TOMBEAU DES NAÏADES
Le long du bois couvert de givre, jemarchais ; mes cheveux devant ma bouche se fleurissaient depetits glaçons, et mes sandales étaient lourdes de neige fangeuseet tassée.
Il me dit : « Que cherches-tu ?–Je suis la trace du satyre. Ses petits pas fourchus alternentcomme des trous dans un manteau blanc. » Il me dit :« Les satyres sont morts.
« Les satyres et les nymphes aussi.Depuis trente ans il n’a pas fait un hiver aussi terrible. La traceque tu vois est celle d’un bouc. Mais restons ici, où est leurtombeau. »
Et avec le fer de sa houe il cassa la glace dela source où jadis riaient les naïades. Il prenait de grandsmorceaux froids, et, les soulevant vers le ciel pâle, il regardaitau travers.