105 – LES COURTISANES ÉGYPTIENNES
Je suis allée avec Plango chez les courtisaneségyptiennes, tout en haut de la vieille ville. Elles ont desamphores de terre, des plateaux de cuivre et des nattes jaunes oùelles s’accroupissent sans effort.
Leurs chambres sont silencieuses, sans angleset sans encoignures, tant les couches successives de chaux bleueont émoussé les chapiteaux et arrondi le pied des murs.
Elles se tiennent immobiles, les mains poséessur les genoux. Quand elles offrent la bouillie ellesmurmurent : « Bonheur. » Et quand on les remercie,elles disent : « Grâce à toi. »
Elles comprennent le hellène et feignent de leparler mal pour se rire de nous dans leur langue ; mais nous,dent pour dent, nous parlons lydien et elles s’inquiètent tout àcoup.